À une époque où le sujet de la fracture numérique fait l’objet de réflexions, nous avons voulu porter un regard sur la façon dont les personnes en situation précaire utilisent leurs téléphones portables, notamment les personnes sans-abri.
Une étude menée en France par une association en 2018 révèle que sur un échantillon de 285 individus, 91% des personnes sans-abri (dont la définition inclut les personnes sans logement, en situation de logement précaire ou inadéquat) interrogés par le biais d’associations et de travailleurs sociaux, possèdent un téléphone mobile et 71% un smartphone. Le téléphone portable, objet technologique désormais intégré à nos vies, fait donc aussi partie de la vie de celles et ceux qui n’ont pas forcément la chance d’avoir régulièrement un toit au-dessus de leurs têtes.
Le travail de recherche que nous avons humblement tenté de faire ici nous a fait prendre conscience du rôle déterminant que pouvait jouer le téléphone portable (avec ou sans connexion à internet) dans leur quotidien. Bien plus qu’un objet de télécommunication, nous avons constaté que le téléphone portable se positionnait comme un facteur d’intégration et de socialisation en participant notamment à la construction des identités et des réseaux sociaux.
Nous avons vu également le rôle stratégique qu’il occupait quant au maintien des relations sociales des personnes pauvres, avec leurs familles, leurs amis, les acteurs sociaux et les associations. Par ailleurs, le téléphone mobile, au travers des marques digitale, permet aux personnes en situation précaire de faire, malgré tout, partie de la société dans ses aspects marchands, informationnels, et administratifs. Les marques digitales se montrent ainsi, envers elles, inclusives en les intégrant dans leurs stratégies de développement.