Aujourd’hui la pollution de l’air est considérée comme un problème majeur de santé publique. Elle est responsable de 48 000 décès par an en France. Elle est classée par les experts parmi les facteurs de risque cardiovasculaire modifiables majeurs. Les pathologies cardiovasculaires en lien avec la pollution de l’air sont étayées par de nombreuses études épidémiologiques. Les mécanismes biologiques et physiopathologiques sont mis en évidence par les études toxicologiques animales et humaines. Il parait donc essentiel de prendre en compte ces données dans la pratique médicale. Les médecins généralistes intègrent-ils les récentes données concernant l’implication des polluants sur la santé cardiovasculaire ? Nous explorons à travers notre étude qualitative le ressenti, les connaissances, le vécu des médecins généralistes de l’Hérault vis-à-vis de la pollution atmosphérique dans la prévention cardiovasculaire, par des entretiens directifs. Si plus de la moitié de l’échantillon admet que la pollution peut avoir un effet néfaste sur la morbi-mortalité cardiovasculaire, aucun n’a conscience de son ampleur sanitaire. Les questions sous forme de cas cliniques soulignent l’absence d’interrogation sur l’exposition à la pollution extérieure en pratique quotidienne. Plus de 50% des médecins interrogés ne s’estiment pas bien formés. Il apparait clairement que les médecins se sentent concernés par cette question et souhaite acquérir plus de connaissance à ce sujet. Un ajout de cet item dans la maquette de formation du diplôme de médecine générale serait intéressant. Notre étude met aussi en avant un manque d’outil permettant l’utilisation de ces données. Une mesure biologique du « black carbon » permettrait une évaluation plus objective de l’exposition à la pollution par les véhicules diesel. Elle serait un outil concret pour l’exercice de la médecine générale.