La téléconsultation est un dispositif électronique connecté à internet qui permet de mettre en relation dématérialisée un patient et un médecin. A distance, le médecin peut alors réaliser une consultation, en posant des questions sur l’état de santé du patient, mais aussi en réalisant quelques examens utiles au diagnostic (température, tension, saturation…). Le développement de la téléconsultation a été motivé par le besoin de répondre à un réel manque d’offre de soins pour une grande partie des patients. Cela a, par ailleurs, été rendu possible grâce à l’évolution technologique et à la démocratisation des outils numériques au sein de la population française. Dans une situation où une proportion de plus en plus grande de la population se retrouve sans médecin traitant en raison des déserts médicaux ou des départs en retraite d’anciens médecins, la téléconsultation devient pour certains patients la seule alternative pour maintenir une continuité de leurs soins. Cela pousse de nombreux français à aller consulter aux urgences des hôpitaux. Dans ce contexte, le recours à la téléconsultation en pharmacie pourrait être une solution pour faire baisser la fréquentation des urgences. Le travail que nous avons mené vise à connaître le positionnement des pharmaciens d’officine et de la population générale vis-à-vis de la téléconsultation en officine. Alors que la plupart des médecins généralistes ont essayé, voire adopté, la téléconsultation dans leur cabinet au cours de l’année 2020, les pharmaciens n’ont pas encore véritablement franchi le pas, alors même que la législation le leur permet depuis la parution de l’arrêté du 2 septembre 2019 (article 13). Pour évaluer la perception et les attentes des pharmaciens d’officine mais aussi de patients concernant la téléconsultation, et plus largement en termes de digitalisation, nous avons réalisé une enquête destinée d’une part aux pharmaciens d’officine et d’autre part à la population générale. La téléconsultation en officine reste un sujet nouveau pour une grande partie de la population, la plupart connaissant davantage la téléconsultation faite directement à domicile à l'aide d'un smartphone. L'idée d'être en présence à la fois du médecin et du pharmacien est vue comme plus rassurante pour la moitié des répondeurs. La majorité de la population juge utile une cabine de téléconsultation en officine mais garde des retenues sur le côté « déshumanisant » de la téléconsultation et la crainte d’une potentielle fuite des données. Du côté des pharmaciens de nombreuses retenues demeurent à cause d’un manque de moyen et de valorisation de cette nouvelle mission. S’y ajoute aussi la crainte d’une augmentation des ordonnances frauduleuses. Il est donc nécessaire de former davantage les pharmaciens à la téléconsultation et aux outils numériques. Ainsi ces installations prendront tout leur sens et donneront un aspect qualitatif aux patients qui auront plus de facilité à être en confiance. De cette avancée pourrait découler un changement de la position du pharmacien dans le parcours de soin qui aujourd’hui ne semble pas toujours très clair.