Les conditions de vie hospitalières des personnes âgées ont mauvaise réputation. Le constat n’est pas récent, au XVIIIe siècle déjà la peur du milieu hospitalier et de ses miasmes effraie le voisinage. Pourtant, des centaines de vieux et vieilles attendent sur de longues listes d’être acceptés pour entrer à l’hôpital finir leurs jours. Si les conditions de vie hospitalière sont si mauvaises, pourquoi tant de personnes âgées cherchent à y rentrer ? Il faut pour comprendre cela différencier l’environnement matériel réel et celui qui est vécu par les vieillards. C’est autour de ce fil rouge que je propose de suivre des centaines d’inconnus, vieux et vieilles, de leurs corps à la ville en passant par leur chambre, leur réfectoire, leur hôpital. Comment vivent-ils la soumission à l’autorité hospitalière, la mise en uniforme, la proximité avec des dizaines d’inconnus, la restriction de leur consommation d’alcool ou encore les odeurs communautaires d’un espace toujours insalubre ? Si la réponse semble simple, elle se complique lorsque l’on considère l’offre de sécurité matérielle que jamais ces pauvres lyonnais n’ont vécu auparavant sur le long terme. Avec le concept de mieux-être, je propose ainsi de comprendre la constitution d’une culture hospitalière de la vieillesse pour esquisser une histoire intime et vécue, individuelle et collective, générale et anecdotique, de ces centaines d’illustres inconnus.