Contexte : L’hystérectomie est une intervention de routine en chirurgie gynécologique. Actuellement, aucun argument ne permet de privilégier l’hystérectomie subtotale à l’hystérectomie totale dans le cadre de pathologies bénignes, tant sur le plan des complications chirurgicales, que sur la satisfaction sexuelle globale post-opératoire. Toutefois, il semblerait que certains paramètres de la fonction sexuelle soient meilleurs dans le groupe hystérectomie subtotale, notamment en ce qui concerne l’orgasme. Les récentes études sur l’innervation pelvienne démontrent que le col utérin et le vagin possèdent une innervation qui leur est propre, indépendamment de l’innervation clitoridienne, et interviennent dans la réponse sexuelle par activation d’une voie de dérivation spinale d’origine vagale. Notre hypothèse repose donc sur le fait que, lors d’une hystérectomie à motif fonctionnel, l’amputation cervicale peut altérer de façon plus accrue la qualité de l’orgasme. Matériel et méthode : L’objectif de notre étude est de comparer la satisfaction sexuelle globale et la qualité de l’orgasme par comparaison des scores aux questionnaires « Female Sexual Function Index » et « Sensations Corporelles de l’Orgasme », entre un groupe de patientes ayant bénéficié d’une hystérectomie totale, et un groupe ayant bénéficié d’une hystérectomie subtotale pour motifs fonctionnels. Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 37 patientes opérées d’une hystérectomie entre le 1er septembre 2019 et le 31 janvier 2021 au CHU Grenoble Alpes. Au total, parmi les répondantes, 20 patientes ont été opérées d’une hystérectomie totale, et 17 patientes d’une hystérectomie subtotale. Résultats : Notre étude n’a pas mis en évidence de supériorité significative de la satisfaction sexuelle globale dans le groupe hystérectomie subtotale (p=0,054). On ne retrouve pas de supériorité significative sur les critères de désir, d’excitation, de relation, de satisfaction globale ou de douleur et gêne. En revanche, la lubrification serait meilleure dans le groupe subtotal (p=0,03). De même, les sensations ressenties lors de l’orgasme sont significativement plus intenses dans le groupe subtotal (p=0,048). Conclusion : Ces résultats suggèrent un impact moindre de l’hystérectomie subtotale sur les réactions génitales et extra génitales ressenties lors de l’orgasme. Ces résultats incitent à la prudence dans le choix du type d’hystérectomie, tout particulièrement chez les patientes à risque neurodégénératif, afin de maximiser les voies d’innervation impliquées dans la réponse sexuelle.