Introduction : Contrairement au cancer du sein où plusieurs scores (RCB, Sataloff, Chevallier) permettent d’évaluer la réponse histologique des tumeurs à la chimiothérapie néoadjuvante (CTNA) et sont corrélés au risque de rechute, aucun système de gradation n’est universellement admis en France dans les cancers ovariens. L’objectif de notre étude a été d’étudier sur pièce opératoire (PO) post-CTNA, sur omentum, la valeur pronostique de plusieurs paramètres histologiques, dans une cohorte monocentrique française de cancers ovariens séreux de haut grade (COSHG). Matériel et méthodes : 152 COSHG (90% de stade IIIC ou IV pré-CTNA), traités par carboplatine/paclitaxel entre 2009 et 2019 au Centre Jean Perrin, ont été rétrospectivement analysés, et les paramètres histologiques de la PO post-CTNA, corrélés avec la SSR à 2 ans. La taille du RT a été évaluée sur les coupes de l’omentum colorées en hématoxyline-éosine-safran (HES) et gradée par 2 systèmes : le CRS, déterminé selon les recommandations de l’ICCR (McCluggage, Mod Pathol 2015 : CRS 1, >95% de RT ; CRS 2, 5-95% de RT ; CRS 3, <5% de RT) et un score, choisi par notre groupe et nommé TRS (Tumor Regression Score), représentant la différence entre la surface tumorale avant et après traitement : grade 1, >95% de régression tumorale ; grade 2, >50% de régression tumorale ; grade 1, <50% de régression tumorale. La quantité de lymphocytes infiltrant la tumeur (TILs) dans le péritoine a été également déterminée sur HES, de manière semi-quantitative selon 3 grades : 1, absente/minime (<10%) ; 2, modérée (10-29%) ; 3, importante (≥30%). La nécrose a été quantifiée en 3 grades : 1, absente ; 2, 1-50% ; 3, >50% ainsi que la fibrose : 1, minime ou légère ; 2, modérée ; 3, diffuse. La présence (score 1) ou l’absence (score 0) de psamommes a également été rapporté. L’analyse statistique a utilisé les méthodes Kaplan-Meier, régression de Cox, test exact de Fisher et log-rank. Résultats : Parmi les 152 COSHG, 122 ont rechuté (80,2%), avec une médiane de survie sans rechute (SSR) de 16 mois (IC95% 15-18). Les CRS ont été repartis comme suit : CRS1, n=24 (15,8%) ; CRS2, n=71 (46,7%) ; CRS 3, n=57 (37,5%), et les grades du TRS : 1, n=57 (37,5%) ; 2, n=48 (31,6%) ; 3, n=47 (30,9%). Le taux de récidive à 2 ans des CRS1+2 était significativement plus élevé que celui des CRS3 (76,8% vs 54,3%, respectivement, p=0.003) et la médiane de SSR plus courte (15 mois vs 22 mois, CRS1+2 vs CRS3, respectivement, p<0.001). La même différence a été observée entre les TRS 2+3 et TRS1 (les cas CRS3 étant superposables aux TRS1). Il n’y avait pas de différence significative de SSR ni entre les groupes CRS1 et CRS2 (p=0.6), ni entre les groupes TRS2 et TRS3 (p=0,8). L’ensemble des cas de grade 2 et 3 des TILs avait un taux de récidive à 2 ans et une durée de SSR plus péjoratifs que les cas de grade 1, reflétant une corrélation significative entre les groupes CRS3, TRS1 et le grade 1 des TILs (p<0,001). Néanmoins, le grade des TILs n’a pas pu stratifier les groupes CRS1+2 ou TRS2+3 sur le taux de récidive (p=0,7) ou la durée de SSR (p=0,7). La fibrose, la nécrose et les psammomes n’ont pas montré d’impact significatif sur la SSR (p=0,46, 007 et 0,48, respectivement). Discussion : Dans les paramètres histologiques évalués, la fibrose, la nécrose et les psammomes n’ont pas montré de pertinence clinique. Nous avons en revanche confirmé la forte valeur pronostique de la catégorie 'RT minimal ou absent’ avec les deux scores évalués. La quantité de TILs n’a pas apporté d’informations supplémentaires dans cette cohorte. Pour mieux stratifier les cas avec ≥ 5% de RT, il demeure nécessaire d’évaluer des biomarqueurs additionnels.