Contexte : l’isolement est un outil de dernier recours dans la prévention du risque en psychiatrie, dont l’utilisation est fluctuante selon les habitudes de service. L’évolution législative en cours vise à le limiter. Objectif : augmenter les connaissances sur le vécu et l’expérience des infirmiers concernant l’isolement afin de mieux comprendre et améliorer les pratiques autour de celui-ci. Méthode : coréalisation par deux investigateurs de 4 focus groups auprès d’un total de 23 infirmiers exerçant au CHU de Montpellier, au moyen d’un guide d’entretien semi-structuré. Recueil des données par enregistrement audio, transcription intégrale et analyse qualitative selon une approche phénoménologique de type sémio-pragmatique. Résultats : 1) le vécu des infirmiers face à l’utilisation de l’isolement est difficile. Il dépend de nombreux facteurs, influence les décisions et n’est toléré que lorsque cette contrainte fait sens dans la prise en charge du patient. 2) l’isolement n’ayant pas de fonction thérapeutique, l’enjeu majeur pour les infirmiers est de préserver leur rôle de soignant auprès du patient, ce qui n’est possible que dans un cadre adéquat. 3) les infirmiers sont favorables à une diminution du recours à l’isolement, considérée comme envisageable à condition de disposer de plus de moyens humains et d’alternatives clairement identifiées, mais gardent des craintes liées à la gestion de la violence. Conclusion : l’isolement est un outil de dernier recours mal vécu par les infirmiers. L’enjeu majeur est la préservation du lien thérapeutique. Majoration des effectifs et identification claire d’alternatives pourraient en réduire l’utilisation.