Introduction : l’endocardite infectieuse (EI) est une pathologie rare avec une incidence stable autour de 32 cas par million d’habitants, au pronostic sombre pour lequel le chiffre de mortalité hospitalière évolue peu depuis des dizaines d’années, autour de 20%. Les objectifs de notre travail sont de comparer les caractéristiques cliniques, microbiologiques,échocardiographiques ,pronostiques et thérapeutiques de l’EI entre deux périodes (2000-2010 et 2011-2018) et d’analyser si le pronostic s’est amélioré dans la période la plus récente en termes de mortalité hospitalière et de mortalité à 24 mois. Matériel et méthodes : notre série est une cohorte observationnelle de 2316 patients, atteints d’EI selon les critères de Duke, inclus de 2000 à 2018, dans 2 centres tertiaires (Amiens et Marseille). Nous avons comparé dans les 2 périodes étudiées les caractéristiques cliniques, biologiques, échographiques, thérapeutiques des patients et étudié le pronostic en termes de mortalité hospitalière, de survie totale à 24 mois et de récurrence d’EI à 24 mois. Résultats : dans la période la plus récente (2011-2018), les patients sont globalement plus comorbides avec un score de Charlson plus élevé qu’entre 2000- 2010 (1.22 vs 0.72 ; p<0,001).Le Staphylocoque (toute espèce confondue) représente, dans la période la plus récente, le 1er germe responsable d’EI avec un taux de 29.9% , devançant donc de peu le Streptocoque à 28.3%. La tendance est à la diminution en termes de fréquence de l’Entérocoque qui se place en 3e position des germesà 13.2%.La chirurgie précoce dans les 24h (emergency) et dans les 7jours (urgent) est moins pratiquée dans la période 2011-2018 (4.7% vs 9.6% p <0.001 et 12.0% vs 17.5% p <0.001). Il n’y a pas de différence en termes de chirurgie après J8 (elective).Cette chirurgie précoce est associée à une réduction de la mortalité hospitalière et de la mortalité à 24 mois dans les deux périodes. La mortalité opératoire de la chirurgie précoce a tendance à diminuer sans que cette différence atteigne la significativité dans la période 2011-2018 (13.7% vs 10.4%, p 0.119).La mortalité hospitalière est en diminution dans la période 2011-2018 (14,7% vs 18.2%, p 0.04). La période 2011-2018 est associée en analyse multivariée à une réduction de plus de 50% de mortalité hospitalière (HR 0,45 IC95% [0,34-0,59], p<0.001) parcomparaison à la période 2000-2010 et à une meilleure survie à 24 mois (HR 0,47 IC95% [0,40-0,57], p<0.001) par comparaison à la période 2000-2010. Enfin, on note une tendance à la diminution des récidives d’EI entre 2011 et 2018 sans que la différence avec la période 2000-2010 soit significative (8+/- 1% vs. 6+/-7% entre 2011 et 2018, p=0.081). Conclusion : l’EI demeure une maladie rare et grave dont la mortalité hospitalière est élevée. Notre étude objective néanmoins une diminution significative de la mortalité hospitalière dans la période 2011-2018 par comparaison à la période 2000-2010, malgré une modification de l’écologie bactérienne (augmentation des EI à Staphylocoque) et des patients plus sévères en termes de comorbidités et un moindre recours à la chirurgie très urgente et urgente.