INTRODUCTION : La réhabilitation améliorée après chirurgie (RAC) se développe. Parmi les éléments du protocole, la réalimentation précoce (RP) dans les 24 premières heures après chirurgie est un élément post-opératoire majeur. Le but de ce travail était d’évaluer si une mauvaise tolérance de la RP était un facteur prédictif de morbidité ou d’allongement de la durée de séjour. MATÉRIEL ET MÉTHODES : Cette étude rétrospective multicentrique est une analyse de données issues d’une cohorte de patients opérés d'une chirurgie colorectale dans le cadre d’un programme de RAC. Soixante et onze centres en Belgique, France et Suisse ont contribué à cette base de données. Tous les patients étaient encouragés à se réalimenter dans les 24 heures suivant la chirurgie. Ils ont ensuite été séparés en 2 groupes : bonne (BT) ou mauvaise tolérance (MT). Le critère de jugement principal était la survenue de complications post-opératoires. Les critères de jugement secondaires étaient la réintervention non prévue, la mobilisation précoce et la durée moyenne de séjour. RÉSULTATS : Parmi la cohorte de 3034 patients, la réalimentation précoce était mal tolérée chez 420 patients (MT) et bien tolérée chez 2614 patients (BT). Il y avait significativement plus de complications post-opératoires dans le groupe MT que BT (52.1% vs 17.0%, p=0.001) avec notamment plus de réinterventions imprévues, moins de mobilisation précoce et une durée moyenne de séjour augmentée. L’analyse multivariée a confirmé que la mauvaise tolérance de l’alimentation précoce était un facteur prédictif indépendant et majeur de complications post-opératoires [OR 4.47 (95% IC 3.49-5.72 ; p<0.001], de réinterventions imprévues et d’augmentation de durée moyenne de séjour. CONCLUSIONS : Cette étude démontre que la mauvaise tolérance de l’alimentation précoce après chirurgie colorectale est prédictive de complications post-opératoires. Ce signal d’alerte permet d’explorer précocement la survenue de complications post-opératoires.