Arrivé en France en 2002 avec Arte Radio, le podcast natif s’est réellement démocratisé ces dernières années, en particulier depuis 2016, avec la multiplication des sociétés de productions telles que Binge Audio, Nouvelles Ecoutes, Louie Media… Ce nouveau support médiatique est innovant de par sa liberté de temps et de contenu.
Les journalistes sont de plus en plus nombreux à s’emparer de ce média frère de la radio. Certains le font notamment pour donner une place aux individus qui n’ont pas l’occasion de s’exprimer ailleurs, et surtout pour leur laisser un temps de parole long. C’est également l'occasion d'aborder des sujets qui sont parfois « délaissés » par les médias généralistes, comme celui de l’inceste.
Plusieurs journalistes auteurs de podcasts ont en effet décidé de consacrer un épisode, voire toute une série à cette thématique. L’objectif ? Déconstruire le tabou et rompre le silence qui règne autour de ce fait de société. En créant un espace sécurisant pour les victimes, proches et agresseurs, les journalistes permettent une libération de la parole des anonymes. Ceux-ci se confient à l’auditeur, qui occupe alors une place privilégiée. Une proximité se crée, notamment grâce au format audio, idéal pour faire passer des émotions et donc des messages.
L’auditeur podcast, qui n’est pas passif contrairement à l’auditeur radio, fait le choix d’écouter un programme qui parle d’inceste. De fait s’opère une première étape dans la libération de l’écoute. Celle-ci est complétée par les éléments de compréhension donnés pour décrypter ce phénomène. Les journalistes, à travers leur travail d’enquête, offrent en effet des clés aux auditeurs pour appréhender une problématique souvent inconnue. En se reposant sur des études, des termes conceptuels, des faits juridiques ou encore des ressources culturelles, mais aussi grâce aux experts invités dans les podcasts, l’auditeur en saura plus sur l’inceste après l’écoute. La libération de la parole a déjà eu lieu, la libération de l’écoute doit encore se faire. Voici une phrase qui revient souvent lorsque des cas de violences sexuelles éclatent dans les médias. Le podcast, de par son format, permet de faire un pas vers cette libération de l’écoute, au sens propre comme au sens figuré.