L’émergence des neurosciences, que l’on peut relier avec la croissante augmentation des études sur l’importance des biais cognitifs dans les prises de décisions des individus, trouve un intérêt particulier dans l’analyse du processus judiciaire. De l’enquêteur au juge, en passant par l’expert ou encore le témoin, aucun n’est épargné par d’éventuelles déformations du raisonnement qui peuvent venir donner un sens différent à la procédure judiciaire en cours et à la décision qui en résulte. De la même manière, par la connaissance que ces biais peuvent aiguiller une décision, il n’est pas exclu de penser qu’ils puissent être l’objet d’une stratégie. En guise d’illustration, puisque le biais cognitif implicite reflète la considération apportée inconsciemment à la première impression, il pourrait être intéressant pour le prévenu de se présenter à la barre avec une tenue vestimentaire correcte, un style de langage soigné et un projet professionnel à présenter aux juges. Partant, il convient de préciser le postulat de cette étude en affirmant que les biais cognitifs peuvent toucher l’ensemble des individus mais pas de façon systématique ni dans la même mesure. Toutefois, dans quel contexte sont-ils propices à éclore ? L'accroissement des études sur les biais cognitifs amène à s’interroger sur l’influence qu’ils peuvent avoir sur la décision judiciaire. Cette influence mérite d’être analysée depuis l’enquête policière jusqu’au procès pénal. Ainsi, il convient de se demander quelle influence les biais cognitifs ont-ils sur le processus judiciaire. Pour ce faire, il s’agira d’étudier dans un premier temps les biais cognitifs dans le processus de décision judiciaire (Première partie) avant d’analyser leurs conséquences sur les décisions judiciaires et les principes juridiques (Seconde partie).