Le comportement alimentaire est un mécanisme complexe sous-tendu par l’intrication de nombreux systèmes interconnectés, chacun pouvant présenter des déficits à l’origine de troubles très précocement dans la vie d’un individu. Chez l’enfant, l’existence de ces troubles est déjà décrite depuis le début du XXe siècle au moins et leur fréquence en fait l’un des principaux motifs de consultation en pédiatrie générale, fréquence qui est encore plus forte parmi des populations vulnérables avec comorbidités pédiatriques (troubles neuro développementaux, maladies cardiaques ou pulmonaires par exemple). Une alimentation appropriée étant l’un des critères majeurs pour le bon développement et la bonne croissance des enfants, les difficultés alimentaires des plus jeunes sont un enjeu de santé publique. Si les troubles du comportement alimentaire de l’adolescent et de l’adulte bénéficient de recommandations de bonne pratique bien établies en France et dans le monde, les difficultés alimentaires des enfants de moins de trois ans sont longtemps restées une entité diagnostique floue et mal définie. Après bien des années de classifications divergentes centrées sur les points de vue spécifiques de chaque spécialité impliquée dans ces troubles, la définition récente et transdisciplinaire établie par l’équipe de P.S. Goday en 2019 des Troubles Alimentaires Pédiatriques a permis d’utiliser une terminologie commune prenant en compte la nature multi-factorielle de ces troubles complexes nécessitant une prise en charge interdisciplinaire. Après avoir repris les modalités d’une alimentation physiologique et son développement normal, puis l’historique des classifications ayant conduit à la définition des Troubles Alimentaires Pédiatriques et à leur prise en charge actuelle, nous nous sommes intéressés aux connaissances de nos confrères de première ligne, à savoir les pédiatres et médecins généralistes en France, dans ce domaine. Nous avons réalisé une étude épidémiologique observationnelle transversale reposant sur un questionnaire d’auto-évaluation pour décrire les pratiques et connaissances de ces intervenants de première ligne. Si nos données préliminaires à ce jour ne permettent pas encore une conclusion formelle, nous retrouvons notamment que les professionnels interrogés se déclarent majoritairement en difficultés dans ces situations cliniques. Poursuivre notre étude observationnelle et améliorer l’information des professionnels de santé dans le domaine semblent ainsi des objectifs importants pour garantir de meilleurs soins et une meilleure orientation des enfants souffrant de Troubles Alimentaires Pédiatriques.