La dysphorie de genre (DG) est une notion qui convoque différents domaines de la pensée et de la pratique, allant de la médecine à la biologie, de la sociologie au droit, jusqu’à la philosophie ou l’éthique. Elle est définie par l’incongruence entre d’une part, le sexe de naissance, déterminé par la biologie, et d’autre part, le genre dans lequel se reconnaît le sujet, notion établie sur son expérience subjective. Cette entité, à la frontière entre le normal et le pathologique, a fait une irruption remarquée dans la clinique adolescente ces dernières années, cette problématique trouvant un écho dans le parcours de nombreux jeunes. Les études actuelles sur le sujet retrouvent une nette augmentation de prévalence chez les jeunes, avec un phénomène nouveau intéressant, l’inversion du sex ratio. Dans ce travail de thèse, nous aborderons, dans une première partie théorique, l’historique du concept de dysphorie de genre, et les définitions qui nous permettent de mieux le cerner. Dans une deuxième partie, nous présenterons les données de 49 jeunes ayant une problématique transidentitaire, venus consulter à la Maison des Adolescents du Var, entre 2017 et 2020. Trois cas cliniques seront détaillés, ainsi que les résultats de sept entretiens semi-dirigés, permettant d’illustrer la diversité des situations rencontrées et les thématiques récurrentes dans le discours de ces jeunes, à différents stades de leur demande. Les résultats obtenus confirment l’augmentation du nombre de consultations spécifiques ainsi qu’une augmentation du nombre d’adolescentes nées filles. A partir de ces résultats, dans une troisième partie, nous tenterons de dégager certaines hypothèses pouvant expliquer ces tendances, dépassant largement le cadre de la psychopathologie individuelle. Enfin, nous discuterons des différentes perspectives sur la dysphorie de genre de l'adolescent et la façon dont on peut accompagner ces situations. Ce travail a été l’occasion de réfléchir à la place du psychiatre d’adolescent, confronté à l’urgence formulée dans la demande adolescente ou des familles, et à la nécessité de prendre le temps, indispensable dans le processus d’élaboration psychique.