Introduction : l’anorexie mentale est une pathologie complexe et plurifactorielle, intriquant des facteurs à la fois biologiques, socioculturels et psychologiques. Elle s’accompagne souvent de multiples modifications endocriniennes pouvant entraîner des conséquences délétères, au premier rang desquelles un impact négatif sur le métabolisme osseux et la croissance staturale. Les mécanismes expliquant le retard de taille sont complexes et non entièrement élucidés. Environ un tiers des filles avec une anorexie mentale à début précoce serait à risque de retard statural à l’âge adulte, avec des conséquences non négligeables sur le plan social et psychologique. Objectif : l’objectif principal de ce travail était d’évaluer la croissance staturale à un an d’hospitalisation dans une population d’enfants et adolescents présentant une anorexie mentale, ainsi que de rechercher des facteurs prédictifs d’une anomalie de la croissance staturale dans cette population. Matériel et méthodes : il s’agissait d’une étude rétrospective portant sur 57 enfants et adolescents, hospitalisés pour une anorexie mentale entre 2011 et 2016 dans le service de Pédiatrie Multidisciplinaire de La Timone Enfant (Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille). Les données colligées étaient à la fois cliniques, biologiques et radiologiques. Pour l’identification de facteurs de risque impactant la croissance staturale, cette étude a reposé sur le test non paramétrique de Mann-Whitney pour les variables qualitatives et le test de Pearson pour les variables quantitatives. Le seuil de significativité bilatéral était p<0,05. Résultats : un ralentissement statural était observé à 1 an de l’hospitalisation et était présent dès le troisième mois de la sortie. Aucun examen d’imagerie ne préjugeait à lui seul de l’évolution staturale des patients. Les analyses biologiques n’avaient pour la plupart pas non plus de valeur prédictive. A l’inverse, l’âge jeune, une puberté non débutée, le degré de dénutrition et la présence d’une maladie chronique apparaissaient comme étant des facteurs de risque. Le contexte socio-familial pouvait aussi impacter la croissance des patients. Conclusion : l’anorexie mentale peut être responsable en population pédiatrique d’un retard statural. La présence de facteurs de risque somatiques et/ou psycho-sociaux majorant ce risque de retard statural est importante à identifier. Elle pourra faire s’interroger plus précocement sur l’introduction d’un traitement par hormone de croissance, en particulier dans le cas de l’anorexie mentale prépubère.