La proximité avec l’électeur apparaît comme une valeur fondamentale en politique dans un régime démocratique, et comme une exigence marquée lors des campagnes électorales. Cela a été le cas lors de l’élection présidentielle de 2012, en particulier lors du premier tour de l’élection. Les quatre candidats arrivés en tête avaient tous cherché à mettre en avant leur proximité avec les électeurs, selon des modalités bien distinctes. Et le candidat arrivé en tête au premier tour, et le vainqueur éventuel de l’élection, François Hollande, était celui qui avait le plus mis l’accent sur sa proximité avec les Français, la mettant véritablement au cœur de sa campagne électorale.
Le constat de l’exigence de proximité semble se vérifier à travers les époques mais de manière variable. Il apparaît à première vue comme étant contre-intuitif, dans la mesure où la classe politique, par sa nature même, est distincte de la société civile et du reste des citoyens. La professionnalisation de la vie politique, couplée à la complexification des enjeux politiques et économiques, a eu pour conséquence la formation d’une classe politique issue de milieux socio-économiques relativement aisés, de familles au capital culturel élevé. La méfiance, voire la défiance des citoyens envers le milieu politique semblent de même condamner tout rapprochement entre politiques et électeurs.
Dès lors, comment les hommes et les femmes politiques peuvent-ils mettre en avant leur proximité avec les électeurs ? C’est le rôle des stratégies de communication politique, qui peuvent mettre en scène la proximité du candidat politique avec ses électeurs. Plusieurs de ces stratégies ont été mises en place en 2012, avec des degrés variables de réussite. Car il ne suffit pas de mettre en avant sa proximité pour s’assurer du succès électoral. Celle-ci doit être crédible, sans quoi elle serait contre-productive. La proximité ne doit également pas prendre le pas sur la hauteur et la dignité nécessaires à l’exercice de la fonction présidentielle, la « présidentiabilité ». Cette tension dialectique entre proximité et présidentiabilité est en réalité consubstantielle à l’idée même de la représentation politique.