Dirofilarioses canines à Dirofilaria immitis et Dirofilaria repens chez le chien de travail militaire français : enquête de prévalence (2021-2022) et analyse du risque d'introduction de l'agent pathogène en France métropolitaine lors de retours de missions à l'étranger - DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance
Mémoires Année : 2023

Canine dirofilariasis with D. immitis and D. repens in french military working dogs : a prevalence study (2021-2022) and analysis of the risk of introducing the pathogen in mainlad France upon return from missions abroad

Dirofilarioses canines à Dirofilaria immitis et Dirofilaria repens chez le chien de travail militaire français : enquête de prévalence (2021-2022) et analyse du risque d'introduction de l'agent pathogène en France métropolitaine lors de retours de missions à l'étranger

Résumé

Canine dirofilariasis caused by Dirofilaria (D.) immitis and D. repens is a parasitic disease transmitted by vectors (mosquitoes) with zoonotic potential. Dirofilaria immitis causes cardio-pulmonary damage and can be a disabling or even deadly disease for dogs. D. repens is more likely to go unnoticed (benign cutaneous nodules). Their distribution and prevalence have been constantly changing in recent years worldwide, especially due to climate change. Military working dogs (MWDs) are particularly exposed to the risk of infestation by this parasite: during missions abroad where competent vectors are present and due to their way of life, mainly outdoors in kennels (during missions or in the South of France being an enzootic zone). Infested MWDs can serve as reservoirs of the parasite, which they are likely to spread among animal and human communities, especially when they return from missions abroad into previously unaffected areas of the territory (where competent vectors are present). Such phenomenon emphasizes the need to implement appropriate prevention measures. Firstly, in order to obtain more information on the prevalence and distribution of D. immitis and D. repens, a descriptive epidemiological survey was conducted among MWDs residing in mainland France. The survey involved 250 dogs, randomly selected from identified MWDs assigned to a kennel in mainland France. For each dog, a rapid diagnostic test (antigen detection) and a modified Knott's method blood smear for the detection of microfilariae were performed. A survey questionnaire was also administered. This survey revealed an infestation prevalence of 0.4 % for each parasite species (D. immitis and D. repens) and provided information on potential exposures and prophylaxis measures. Secondly, to assess the probability of introducing D. immitis into mainland France through MWDs returning from missions abroad, a quantitative risk analysis approach was chosen. In this context, a scenario tree was developed to describe the necessary sequence of events (lack of chemoprophylaxis or compliance, force of infestation, etc.) for an MWD to return infected from a mission. The parameterization of this stochastic model was based on data from the previously described survey, scientific literature, expert opinions, and field observations (internship in the Republic of Côte d'Ivoire). The results of this risk analysis showed that the probability of a dog becoming infested during a mission and remaining undetected upon return (over a period of one year) was around 6.7 %. However, the annual probability of at least one dog becoming infested during a mission and being detected was only about 0.3 %. When the dog was already infested at the time of departure on the mission, the annual probability of at least one dog returning infested from the mission and being detected was around 56 %. At the end of this work, canine dirofilariasis caused by D. repens and D. immitis appears to be much less prevalent in MWDs than in civilian dogs living in France. This may be explained by excellent chemoprophylaxis combined with very good compliance within this population. The risk of an MWD being infested with D. immitis upon return from a mission is not negligible but its detection depends mainly on the timing of infestation. A significant proportion of these cases would not currently be detected due to screening practices. These results provide a scientific basis for adapting the surveillance and management of this parasitosis to best prevent MWD infestations, which can subsequently act as reservoir and expose other populations (animals or humans).
La dirofilariose canine à Dirofilaria (D.) immitis et D. repens est une maladie parasitaire à transmission vectorielle (via les moustiques) au potentiel zoonotique. Dirofilaria immitis est responsable d'une atteinte cardio-pulmonaire et constitue une maladie invalidante voire mortelle pour le chien. Dirofilaria repens passe plus facilement inaperçue (nodules cutanés bénins). Leur distribution et leur prévalence sont en constante évolution ces dernières années dans le monde, notamment du fait des changements climatiques. Les chiens de travail militaires (CTM) sont particulièrement exposés au risque d'infestation par ce parasite : dans le cadre de missions à l'étranger où sont présents les vecteurs compétents et du fait de leur mode de vie, essentiellement en chenil extérieur (en mission mais aussi dans le Sud de la France qui est une zone enzootique). Les CTM infestés peuvent servir de réservoirs du parasite, qu'ils sont susceptibles de propager au sein des collectivités animales et humaines, notamment en retour de mission, notamment s'ils arrivent dans une zone du territoire précédemment indemne (et avec des vecteurs compétents présents), d'où nécessité de mettre en place de mesures de prévention adaptées. Dans un premier temps, afin d'obtenir davantage d'informations sur la prévalence et distribution de D. immitis et D. repens, une enquête épidémiologique à visée descriptive a été menée au sein CTM résidants en France métropolitaine. L'enquête concernait 250 chiens, tirés au sort parmi les CTM identifiés et affectés à un chenil en France métropolitaine. Pour chaque chien, un test de diagnostic rapide (recherche d'antigènes) et un frottis pour une recherche de microfilaires par la méthode Knott modifiée ont été réalisés. Un questionnaire d'enquête a également été administré. Cette enquête a révélé une prévalence d'infestation de 0,4 % pour chaque espèce de parasite (D. immitis et D. repens) et a permis d'obtenir des informations sur les expositions potentielles et les mesures de prophylaxie. Dans un second temps, afin d'évaluer la probabilité d'introduction en France métropolitaine de D. immitis par l'intermédiaire des CTM retournant en France au terme de missions à l'étranger, une approche d'analyse quantitative du risque a été choisie. Dans ce contexte, un arbre de scénarii a été développé visant à décrire les séquences d'évènements nécessaires (défaut de chimioprophylaxie ou d'observance, pression d'infestation...) pour qu'un CTM revienne infecté de mission. Le paramétrage de ce modèle stochastique reposait sur des données issues de l'enquête précédemment décrite, de la littérature scientifique ou bien d'avis d'experts et d'observations de terrain (réalisées en Côte d'Ivoire). Les résultats de cette analyse de risque mettaient en évidence que la probabilité qu'un chien s'infeste en mission sans être détecté au retour (sur une période d'un an) était autour de 6,7 %. En revanche, la probabilité annuelle qu'au moins un chien s'infeste en mission et soit détecté étaient d'environ 0,3 % seulement. Lorsque le chien était déjà infesté au moment du départ en mission, la probabilité annuelle qu'au moins un chien revienne infesté de mission et soit détecté était de l'ordre de 56 %. Ainsi, au terme de ces travaux, les dirofilarioses canines à D. repens et D. immitis semblent bien moins présentes chez les CTM que chez les chiens civils résidant en France. Ceci peut être expliqué par une excellente chimioprophylaxie assortie d'une très bonne observance au sein de cette population. Le risque qu'un CTM soit infesté par D. immitis en retour de mission est non négligeable mais sa détection dépend surtout du moment de l'infestation. Une proportion importante de ces cas ne seraient pas détectés à l'heure actuelle compte tenu des pratiques de dépistage. Ces résultats constituent une base scientifique pour adapter au mieux la surveillance et la gestion de cette parasitose, afin de prévenir les infestations de CTM qui peuvent secondairement jouer le rôle de réservoir et exposer d'autres populations (animales ou humaines).
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Amélia Grosbois. Dirofilarioses canines à Dirofilaria immitis et Dirofilaria repens chez le chien de travail militaire français : enquête de prévalence (2021-2022) et analyse du risque d'introduction de l'agent pathogène en France métropolitaine lors de retours de missions à l'étranger. Médecine vétérinaire et santé animale. 2023. ⟨dumas-04172068⟩
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