Le matériel promotionnel des deux séries télévisées Fleabag (BBC 3, 2016 2019, Phoebe Waller Bridge) et I May Destroy You (BBC 1, 2020, Michaela Coel) place d’emblée les téléspectateurs dans une situation d’empathie. Dans Fleabag, la protagoniste de la série est représentée en train de pleurer dans la rue, du mascara coulant sur ses joues et son regard semble éviter la caméra. Le titre rouge Fleabag et ses lettres arrondies et inclinées attirent l’attention et suggèrent une certaine fragilité. Dans I May Destroy You, le regard d’Arabella est dirigé vers le public et son visage s’illumine de couleurs vives. Pris ensemble, ces éléments interrogent la place de la vulnérabilité et de la force dans les deux séries britanniques. Ce mémoire analysera l'empathie et l'engagement du spectateur dans le contexte du 21e siècle, où l'empathie semble absente. En effet, le président Barack Obama a parlé d’un déficit d’empathie et d’une difficulté globale à se mettre à la place de quelqu’un d’autre dans son discours de 2006. Malgré le paysage médiatique actuel, les deux émissions bénéficient d’un public international actif. Cette étude retracera la notion d'empathie à l'écran. Fleabag et I May Destroy You engagent les spectateurs afin de se connecter avec leur public, de provoquer des émotions et de créer un sentiment d'intimité. De nombreux téléspectateurs ont découvert que s’identifier au développement de personnages fictifs peut être très thérapeutique et les aider à développer leur estime de soi. Néanmoins, malgré sa notoriété, Fleabag reste le portrait de discriminations persistantes dans la société et à la télévision, tandis que I May Destroy You permet de déconstruire les représentations biaisées et encourage plus d'empathie dans l'industrie télévisuelle. En examinant la réception critique et celle du public des deux séries à travers un oeil intersectionnel, cette étude explorera la notion de préjugés inconscients (et conscients), à la fois à l'écran et hors écran.