Introduction : la découverte d’une anémie est un événement fréquent en médecine de ville comme en médecine d’urgence. Alors qu’une stratégie transfusionnelle restrictive est maintenant prônée dans nombre de situations aiguës (hémorragie digestive, coronaropathie), il n’existe pas de recommandations spécifiques aux indications ni aux délais de transfusion dans les services d’urgence pour encadrer les pratiques. De plus la fréquentation des services d’urgence est en constante augmentation avec des délais de consultation qui s’allongent et une prise en charge qui pourrait en pâtir, une situation qui s’inscrit dans un contexte post pandémie où le don du sang se raréfie. Matériel et méthode : il s’agissait d’une étude observationnelle descriptive monocentrique rétrospective du 1er janvier au 31 décembre 2022 au sein du service des urgences du centre hospitalier intercommunal Toulon – La Seyne sur mer (CHITS). Le critère de jugement principal était une évaluation des pratiques professionnelles sur la pertinence de la transfusion dans au sein du SAU, définie par un algorithme tenant compte des signes de mauvaise tolérance clinique, du taux d'hémoglobine et des comorbidités du patient. Résultats : sur les 568 patients analysés, la pertinence de la transfusion au sein du SAU n’était pas avérée dans 37,3% des cas. Discussion : la pertinence de la transfusion au sein du service d’urgence n’est pas toujours avérée. Cela semble être expliqué par plusieurs facteurs, l’absence de filière fonctionnelle entre la médecine de ville et l'hôpital ainsi que l’absence de protocole établi au sein du service. Pour améliorer les pratiques devant une anémie se présentant dans le service, nous proposons d’établir un protocole de prise en charge d’une anémie aux urgences, de créer une filière de régulation avec facilité d’accès à un avis spécialisé immédiat et/ou d’une prise en charge hospitalière en urgence afin de faciliter la conduite à tenir devant la découverte d’une anémie en ville.