Cette étude s’intéresse au rapport au corps des infirmiers de bloc opératoire (IBODE), et spécifiquement des assistants de chirurgie. Il s’agit de comprendre de quelle manière le travail à proximité immédiate avec l’effraction chirurgicale, faite sur le corps des opérés, impacte émotionnellement jusque dans leur corps ces professionnels de santé. Pour cela, la méthode qualitative a été utilisée, et huit entretiens auprès d’Infirmiers de Bloc Opératoire Diplômés d’Etat ont été réalisé, avec une grille d’entretien construite autour des trois thèmes majeurs de ce travail : le rapport au corps, les émotions qui y sont liées, et la gestion de ces émotions. L’analyse des données recueillies, encodées et quantifiées, a mis en lumières un rapport au corps parfois violent auquel il s’agit de faire face. L’étude dévoile des mécanismes adaptatifs ou stratégies de « coping » mis en place par les IBODE pour gérer leur travail au contact du corps ouvert de l’opéré. Elle met en évidence que les IBODE : entretiennent un rapport particulier au corps, entremêlant déshumanisation et réhumanisation ; ressentent des difficultés à gérer certaines émotions, notamment face à la mort et au morcellement du corps. Dans un contexte d’évolution constante du métier et des contenus de formation, notamment avec la mise place des sutures sur macchabés, cette recherche souligne l’intérêt que représente le fait d’accorder du temps et ouvrir un espace de parole au vécu des IBODE. Cela serait porteur, très certainement, d’une amélioration de la qualité des soins et de la vie au travail.