Notre travail de mémoire porte sur l’analyse de l’anorexie mentale « féminine ». À partir d’une approche constructiviste du genre, nous cherchons conjointement à interroger le rôle que jouent les normes sociales dans l’apparition du trouble et les raisons pour lesquelles certaines personnes sont plus sensibles à ces normes et donc susceptibles de développer la pathologie. Pourquoi est-ce majoritairement les femmes qui en souffrent ? Que nous révèlent les personnes anorexiques à travers le sculpte de leur corps ? Nous avançons que les anorexiques se situent à la fois dans une acceptation démesurée des normes - notamment genrées - et paradoxalement dans un rejet de ces dernières. Cette ambivalence rend la maladie difficile à soigner et à appréhender. L’anorexie serait une pathologie qui touche à la subjectivation du sujet et à une difficulté à exprimer son « moi » dans un monde où l’apparence physique revêt une importance capitale. La personne anorexique aurait tendance à surinvestir son « corps objet » - le rendant toujours plus émacié - afin d’exposer aux autres son intériorité ainsi que les déterminations de sa conscience. Ce faisant, elle ne parviendrait plus à vivre de manière « normale » puisque prisonnière de comportements addictifs et destructeurs. Parce que cette maladie est très présente à l’époque actuelle et qu'elle est l’illustration même d’une société genrée et normée, nous pensons qu’il est important d’en explorer les rouages. Nous nous proposons donc d’expliciter plusieurs approches de la maladie : philosophiques, médicales, sociologiques, et psychologiques.