Le marché du conseil au secteur public connait une croissance fulgurante depuis une quinzaine d’années. Alors que la pratique de commander des prestations intellectuelles se diffuse à vitesse grand V auprès d’organisations de tous types dans le secteur privé, les pouvoirs publics ne font pas exception à la règle et consentent des dépenses croissantes afin de récolter une expertise « disruptive » afin de l’aider à optimiser ses processus de gestion. Le recours de plus en plus important par les administrations de l’État à des prestations de conseil auprès de sociétés privées s’inscrit dans une tendance au long cours d’affaiblissement de la fonction publique traditionnelle, vecteur historique de la transmission et de l’exécution de la décision politique. Alors que la société se voit confrontée à des dynamiques de changement profonds qui affectent l’ensemble de ses composantes, l’administration, de par la rigidité de son cadre d’emploi et de la lourdeur de ses processus, apparaît de moins en moins adaptée aux attentes des usagers du service public et de l’État. Au gré de divers programmes de réformes de structure imposés à marche forcée, celui-ci ambitionne d’inculquer à son administration des valeurs de performance et d’efficacité, dans une optique de réduction des coûts. Au gré des dynamiques contemporaines, ce mémoire s’évertue à analyser l’emprise croissante qu’exercent les cabinets de conseil sur la décision politique, au prisme de l’affaiblissement des formes d’administration traditionnelles de l’État.