Sujet au coeur de nombreux débats relatifs à la place de certaines valeurs protégées comme la liberté sexuelle, l’autonomie personnelle ou encore à la dignité humaine, la prostitution illustre les difficultés auxquelles le droit pénal est perpétuellement confronté. Par ailleurs, ce sujet constitue aujourd’hui un point de rupture au sein de l’Union européenne, où deux modèles majoritaires - le réglementarisme et l’abolitionnisme - s’opposent, rendant délicat la poursuite et le jugement des infractions transnationales liées à la traite des êtres humains. La mise en place d’une qualification commune, permettant de concilier la lutte effective contre la traite des êtres humains commise dans un contexte prostitutionnel, tout en permettant l’exercice de la prostitution dite libre, apparait donc indispensable. Ce mémoire a ainsi une visée prospective. Après avoir démontré l’insuffisance du traitement légal français de la prostitution basé sur l’atteinte à la dignité de la prostituée dans le cadre de son activité (Chapitre 1), il est proposé une qualification d’atteinte à l’intégrité morale accompagnée d’un fait justificatif du consentement comme alternative possible aux deux modèles actuellement en vigueur en Europe (Chapitre 2).