L'insuffisance cardiaque est un syndrome complexe et grave touchant une grande partie de la population mondiale. Parmi ses causes multiples figure l'insuffisance mitrale fonctionnelle dont un des axes de traitement est la mise en place par voie chirurgicale ou transcathéter d'un dispositif d'annuloplastie pour assurer une coaptation des feuillets de la valve. La mise au point de tels dispositifs nécessite des tests précliniques réalisés chez des modèles animaux d'insuffisance cardiaque gauche. L'équipe de l'IMMR/Veranex utilise dans ce contexte l'embolisation sélective des artères coronaires par des microbilles chez la brebis. Au cours de l'utilisation de ce modèle, les chercheurs ont noté une grande variabilité inter-individuelle des résultats obtenus quant à l'importance de la défaillance cardiaque et se sont demandé si cette variabilité pouvait être imputée à des différences anatomiques coronariennes entre les individus utilisés. L'objectif de cette étude pilote rétrospective a ainsi été d'analyser précisément l'anatomie des artères coronaires de brebis ayant subi une embolisation de microbilles dans les artères circonflexe et interventriculaire antérieure dans le but de voir s'il était possible de prévoir l'efficacité d'une embolisation à partir de l'anatomie des artères obliques marginales et des diagonales. La population de l'étude comportait 12 brebis femelles entières de race Ile de France ayant toutes subi une embolisation de 0,5 ml de microbilles dans l'artère coronaire ventriculaire antérieure distale et 1 ml de microbilles dans l'artère coronaire circonflexe proximale. Dans le cadre de notre étude le critère de jugement le plus adéquat pour attester de l'efficacité de la première embolisation fut le volume télédiastolique du ventricule gauche entre le jour de l'embolisation et 15 jours plus tard. Les méthodes d'imagerie utilisées nous empêchaient de nous baser sur l'évolution du diamètre antéro-postérieur de l'anneau mitral entre le jour de l'embolisation et 15 jours plus tard comme critère d'évaluation et les variations de la fraction d'éjection se révélaient peu représentatives de l'efficacité du modèle. Les expositions étudiées étaient initialement le nombre et le diamètre des artères diagonales et obliques marginales. En se basant sur une analyse visuelle et en mesurant le diamètre des artères diagonales et obliques marginales pour les placer dans des « catégories », nous avons émis trois constats et hypothèses : 1) le diamètre des diagonales ne semble pas jouer de rôle important dans l'efficacité de l'embolisation, sauf si ces dernières sont dirigées vers la paroi libre du ventricule gauche et non vers l'apex de ce dernier ; 2) le diamètre et le nombre des obliques marginales semble jouer sur le résultat d'embolisation : plus les marginales sont nombreuses et de gros diamètre, plus l'embolisation sera efficace et provoquera une altération de la fonction cardiaque ; 3) l'embolisation des marginales aurait d'autant plus d'impact que ces dernières naissent proches de la bifurcation artère coronaire circonflexe - artère coronaire ventriculaire antérieure. En conclusion, cette étude démontre l'importance de prendre en compte l'anatomie coronarienne avant toute procédure d'embolisation chez la brebis afin de réfléchir aux résultats susceptibles d'être obtenus. Il resterait à vérifier statistiquement nos hypothèses et constats sur une plus grande population d'animaux.