Contexte :
La santé mentale des enfants et des jeunes est un sujet de préoccupation important pour les pouvoirs publics, d'autant plus depuis la pandémie de Covid-19, au décours de laquelle, une dégradation de la santé mentale des jeunes et des adolescents a été constatée par les professionnels de santé, et confirmée par le réseau de surveillance de Santé publique France. La promotion de la santé mentale des jeunes est un enjeu majeur de santé publique puisque le suicide est la deuxième cause de mortalité des jeunes à l'échelle mondiale et les troubles mentaux ont une influence voire prédisposent à la survenue d'autres pathologies à un âge plus avancé. Parallèlement, l'impact des inégalités sociales sur la santé des individus est aujourd'hui bien identifié. Cette étude transversale descriptive vise à évaluer la santé mentale des élèves de sixième des Hauts-de-France et à déterminer si l'origine socio-économique et territoriale des élèves a un impact sur leur santé mentale à l'âge de l'entrée au collège.
Méthode :
L'origine socio-économique des élèves a été déterminée à l'aide de la profession de leur parent référent et de leur scolarisation en zone d'éducation prioritaire ou non. Leur origine géographique est définie par le bassin d'éducation et de formation du collège dans lequel ils sont inscrits. La santé mentale a été évaluée à l'aide de questions subjectives sur leur bien-être et leur stress. Les élèves ont également été interrogés sur l'existence de pensées suicidaires actuelles ou passées ainsi que sur leurs éventuels antécédents de harcèlement. Résultats : Entre 2018 et 2022, 24 959 des élèves tirés au sort ont donné leur accord pour que leurs données soient recueillies et analysées. Seuls 2,1 % des élèves déclarent se sentir "mal" ou "plutôt mal" le jour du questionnaire et 9,6 % des élèves donnent une note inférieure à 7/10 à leur vie à l'échelle de Cantril. D'autre part, un élève sur dix se sent souvent stressé et près de deux élèves sur dix ont déjà subi du harcèlement. La prévalence des pensées suicidaires chez les élèves de sixième des Hauts-de-France est de 5,0 % en 2019. Malgré un échantillon important, peu de tendances significatives ont été retrouvées selon la profession des parents référents. En revanche, les élèves scolarisés en réseau d'éducation prioritaire semblent disposer d'une meilleure santé mentale que les élèves scolarisés hors réseau d'éducation prioritaire : ils se sentent moins stressés et sont moins nombreux à avoir déjà eu des pensées suicidaires. Des différences selon les territoires ont également été retrouvées, bien que l’imputabilité des variations à la situation géographique ou à la situation socio-économique reste complexe à établir.
Conclusion :
La santé mentale est déterminée par une multitude de facteurs interagissant entre eux et ne peut être définie par l’origine socio-économique ou géographique des élèves uniquement. Parmi eux, est notamment retrouvée la pratique régulière d’une activité physique qui semble avoir une influence positive sur la santé mentale. De plus, les inégalités sociales et territoriales sont étroitement liées et il est difficile de déterminer si les différences observées relèvent du contexte socio-économique de l'élève ou du territoire. Malgré un échantillon important, il reste par ailleurs délicat de dégager des tendances significatives sur des thèmes qui concernent peu d'élèves comme le mal-être important ou les pensées suicidaires. Toutefois, des conditions socio-économiques moins favorables ne semblent pas impacter négativement la santé mentale des élèves. Au contraire, certaines variables de santé mentale étudiées sont même plus favorables chez les élèves issus des milieux moins favorisés socialement.