De l'été à l'automne 1944, la métropole française est enfin libérée de l'occupation allemande subie depuis 1940. Partout les anciens occupants sont défaits par les soldats alliés appuyés par les résistants français… Partout ? Non ! Plusieurs secteurs du littoral de l'Atlantique résistent aux libérateurs. Bien retranchés et armés dans plusieurs villes portuaires, allant de Lorient jusqu'à la pointe de Grave, ces Allemands tiennent bon pour la plupart jusqu'à la toute fin de la guerre en Europe. Face à eux les Forces Français de l'Ouest (FFO) doivent les contenir avec bien peu de moyens. C'est sur ce front de l'Atlantique de fin de conflit, assez peu considéré, que parviennent en renfort, malgré de multiples difficultés logistiques et humaines, des chars et leurs équipages pour compléter des effectifs français sous-équipés. Ces engins sont marqués par des parcours très atypiques : anciens chars français capturés par les Allemands en 1940 puis repris à la Libération, chars allemands remontés à partir de diverses épaves présentes en nombre dans les dépôts normands suite aux combats de l'été 1944, et même des blindés hybrides, bricolés avec les moyens du bord par des groupes locaux… Tout est bon pour équiper ce « petit » front de l'Ouest, alors que toutes les attentions se portent sur la défaite semblant toujours plus imminente du IIIe Reich sur son propre territoire, loin à l'Est. Le rôle de ces chars de prise est alors multiple : relance de l'industrie militaire française, des réseaux logistiques et humains, rattrapage du retard technologique, volonté d'autonomie nationale en matière d'armement, voir même importance symbolique et fiertés pour les combattants...