Travailler nous semble si banal et communément accepté que nous ne remettons plus en question ses mécanismes, plus précisément, nous n’interrogeons pas ses fondements, son principe même : celui de s’adonner la majeure partie de sa vie à la production d’un bien ou d’un service, de façon contrainte et subie. Certes, tous les emplois ne sont pas synonymes de peine, reconnaissons que certains le sont plus que d’autres, cependant, l’ensemble du système du travail tel qu’il s’est matérialisé à l’époque moderne, s’inscrit dans un processus aliénant : celui de l’astreinte à la production et à la rentabilité, quand finalement ces deux instances prennent le pas sur l’humanité. Le philosophe André Gorz nous aide à questionner cet impensé, celui de d’une société travailliste qui a pour corrélat : l’essentialisation de l’humain en tant que travailleur, d’être fondée sur le productivisme, une inégale répartition de l'économie de travail et une scission sociale des individus. Pour mener à bien notre processus de réflexion, nous adoptons une vision existentialiste et marxiste, dans la lignée de ce philosophe et journaliste. Nous tentons également de retranscrire de manière aussi exhaustive que possible toutes les faces que présente le travail pour mieux traduire son ampleur et son influence sur nos identités, nos rapports sociaux et le système libéral. André Gorz nous inspire aussi pour envisager un autre monde, cette impérieuse nécessité au regard de la crise du vivant déjà à l’oeuvre. Nous aspirons à une nouvelle forme de travail, émancipé de son fonctionnement moderne, qui laisserait pleinement place à un travail autonome n’ayant que son propre accomplissement comme fin en soi. En d’autres mots, nous entendons cette démarche de refonte du travail comme une tentative de se libérer.