Nous avons étudié de façon rétrospective puis prospective une série de 156 leucémies aiguës diagnostiquées au Centre Hospitalier de Valence entre 2005 et 2010. Durant ces six années, 129 LA myéloïdes, 23 LA lymphoïdes et 4 LA de lignée ambiguë ont été enregistrées. Ces LA concernent 14 enfants de moins de 15 ans et 142 adultes. L'âge médian au diagnostic est de 72 ans et le sex ratio est de 1,26. Les LAM touchent majoritairement les sujets adultes (75 ans) et les LAL les sujets jeunes (16 ans). 40 % des LA recensées sont secondaires, c'est-à-dire survenant à la suite d'une hémopathie maligne ou induites par un traitement cytotoxique. L'étude des données cytogénétiques rapporte un caryotype anormal dans 55 % des cas. Les données de biologie moléculaire disponibles (n=54) sont plutôt de mauvais pronostic (surexpression de WT1 et mutation du gène FLT3). La survie médiane globale est faible, de l'ordre de 8 mois, et le taux de survie à 1 an est de 41 %. Notre travail met en évidence plusieurs facteurs de risque professionnels et environnementaux. Le secteur agricole potentiellement exposé aux pesticides est davantage représenté que dans la population générale. Notre analyse pourrait mettre en évidence une relation statistiquement significative entre l'exposition aux rayonnements ionisants et la fréquence de survenue des LA. Cependant, les résultats de cette étude ne sont pas suffisants pour tirer des conclusions définitives. Il paraît donc nécessaire de poursuivre et approfondir cette étude de manière prospective, en collaboration avec les cliniciens, pour effectuer une veille épidémiologique et renouveler l'analyse des facteurs de risque dans les années à venir.