Place des coupeurs de feu dans la prise en charge ambulatoire et hospitalière des brûlures en Haute-Savoie en 2007
Résumé
INTRODUCTION: Burn healers (BH), who play a part in folk medicine, claim they can alleviate the pain due to burns by "talking the fire out" of burns thanks to a secret incantation. Some members of the medical staff, particularly in emergency rooms in Haute-Savoie, resort to BH for patients suffering from burns. GOAL: evaluate the role and the impact of BH in the medical treatment of burns. METHOD: 3 surveys among 1) the medical staff of three emergency departments (Haute-Savoie); 2) the patients suffering from burns who consulted the medical staff in these departments; 3) and the general practitioners (GPs) of Haute-Savoie. RESULTS: 134 medical staff, 173 patients and 210 GPs answered the surveys. 61% of the medical staff are rather favourable to BHs' intervention in the department, what they suggested to 75% of their patients, among whom 81% agreed. 87% of those patients say their pain decreased by more than 30%. GPs' opinion is more moderate. DISCUSSION : BHs' interventions do not decrease in Haute-Savoie. Patients have recourse to BH, and medical staff too. The placebo effect partly brings light to the understanding of this phenomenon. Every therapeutic relationship implies at least anthropological, psychological, relational elements and mysterious ones. Beyond evidence-based medicine, one way to explain the mysterious efficiency of BH is the therapeutic relation itself and its symbolical effect. CONCLUSION : is it necessary to include culture and meaning into medicine in order to develop a more global management of pathologies? Complementary studies would be necessary to identify any potential specific benefit brought by the intervention of burn healers.
INTRODUCTION : Les coupeurs de feu (c.d.f.), acteurs de nos médecines populaires, prétendent soulager les brûlures grâce à un secret, le don. Des soignants, notamment dans des services d'urgences en Haute-Savoie, ont recours aux c.d.f. pour les patients brûlés. BUT : évaluer la place et l'impact des c.d.f. dans la prise en charge médicale des brûlures. MÉTHODE : 3 enquêtes auprès 1) des soignants de 3 services d'urgences (Haute-Savoie), 2) des brûlés qui ont consulté ces services, 3) des médecins généralistes (MG) de Haute-Savoie. RÉSULTATS : 134 soignants, 173 patients et 210 MG ont répondu. 61% des soignants recommandent la collaboration avec les c.d.f. ce qu'ils ont proposé à 75% des brûlés inclus dont 81% ont accepté. 87% de ces patients disent que leur douleur a diminué de plus de 30%. Les MG ont une opinion plus réservée. DISCUSSION : le recours aux c.d.f. est, en Haute-Savoie, loin de régresser. Les c.d.f. sont sollicités par les patients et par les soignants, ce recours étant quasiment institutionnalisé dans certains hôpitaux. L'effet placebo apporte une compréhension partielle de ce phénomène. Dans toute relation thérapeutique il y a de l'anthropologique, du psychologique, du relationnel et de l'inexplicable. Au-delà de l'evidence-based medicine, une hypothèse possible sur l'inexplicable efficacité des guérisseurs tient dans la relation thérapeutique et son effet symbolique. CONCLUSION : faut-il réintégrer du culturel et du sens à la médecine pour espérer une prise en charge plus globale ? Une leçon populaire pour notre technocratie ? Des études supplémentaires seraient nécessaires pour identifier un éventuel bénéfice spécifique de l'intervention des c.d.f.