L'utilisation de la contrainte est fréquente en psychiatrie, et, malheureusement souvent indispensable, en raison du déni de la pathologie et des capacités de mise en danger que présentent de nombreux malades mentaux. Cette utilisation peut-elle être considérée comme un outil de soins ? La première partie étudie l'évolution historique de l'utilisation de la contrainte en psychiatrie, les concepts philosophiques qui la sous-tendent, son éthique et son cadre légal. La seconde partie, quant à elle, envisage les différentes utilisations possibles de la contrainte en psychiatrie, leurs objectifs et leur légitimité. La troisième partie est une étude qualitative sur les représentations sociales de l'utilisation de la contrainte en psychiatrie, chez les infirmiers psychiatriques, les infirmiers généraux, des étudiants infirmiers et en population générale. Cette étude permet d'explorer une des limites possibles de cette utilisation et montre que le travail en psychiatrie et la formation infirmière ont un impact dans la transformation de ces représentations. Au total, l'utilisation de la contrainte en psychiatrie semble donc bien être un outil de soins et avoir toute sa légitimité. Cependant, il s'agit d'un outil dont il convient de se servir avec mesure, afin d'éviter de potentiels abus qui lui enlèveraient son caractère thérapeutique. Il apparaît également important de développer des actions de formation des personnels infirmiers sur le sens de ces mesures ainsi que sur leur rôle thérapeutique, afin d'en faciliter l'application pour eux. Dans la même veine, la lutte contre la stigmatisation en population générale doit permettre d'expliquer que la contention est fondée sur une éthique de soin et pas seulement sur une démarche sécuritaire.