Introduction : Les inégalités sociales de santé s'amplifient et la population carcérale est connue pour être précaire selon des critères socio-économiques. L'objectif principal consistait à mesurer la précarité dans la population carcérale à l'aide d'un score individuel et multidimensionnel (score EPICES) et son lien avec les différents indicateurs de santé. Les objectifs secondaires concernaient l'évaluation du lien entre la précarité et les indicateurs socio-économiques, de mode de vie, d'accès aux soins et d'accord pour les dépistages de la tuberculose et des infections sexuellement transmissibles. Matériel et méthodes : Une étude transversale, descriptive et prospective incluant 97 patients a été réalisée du 2 novembre 2011 au 3 février 2012 dans la maison d'arrêt de Grenoble-Varces. Résultats : La population d'étude s'est avérée plus précaire que la population générale (score moyen 41 vs 25 points). Les indicateurs de santé n'étaient pas corrélés au score EPICES sauf l'autoévaluation positive de celle-ci (r = -0,20, p = 0,046). L'étude a, par contre, montré une augmentation significative de certains comportements à risque avec la précarité comme le tabagisme (r = 0,27, p = 0,005 et OR (1+2+3 vs 5) = 7,21 (1,4-37,7)) ainsi qu'une diminution de l'accès aux soins médicaux (r = -0,22, p = 0,02, OR (1+2+3 vs 5) = 0,19 (0,1-0,7)) et dentaires (r = -0,03, p = 0,02, OR (1+2+3 vs 5) = 0,27 (0,1-0,9)). Conclusion : L'utilisation en pratique du score EPICES au sein de la population carcérale pourrait être utile à visée épidémiologique et pour réduire les inégalités sociales de santé. Elle pourrait également contribuer à mettre en place une préparation effective à la sortie des détenus précaires.