Les semences paysannes ont depuis toujours été sélectionnées et conservées par les paysans du monde entier. Elles permettent aujourd'hui de répondre à de nouveaux enjeux tels que l'adaptation des systèmes de production aux changements climatiques ou à des terroirs spécifiques, la préservation de la biodiversité ou la création de variétés adaptées à des itinéraires techniques et/ou modes de transformation non-conventionnels. Le développement de ces semences et des pratiques associées rencontre néanmoins des difficultés liées à une législation contraignante ainsi qu'à l'érosion des savoir-faire traditionnels de gestion de cette ressource. Au Brésil, depuis le début des années 80, des organisations paysannes de gestion de ces semences libres de titre de propriété se développent selon différents modèles de fonctionnement. C'est dans le but de s'enrichir de ces expériences que l'association de développement de l'agriculture biologique de Dordogne, AgroBio Périgord, y organisa un voyage d'étude et continue à maintenir des échanges avec certaines de ces organisations. C'est ainsi que la Maison de la Semence de AgroBio Périgord a vu le jour en 2004. Cette présente étude vise à valoriser les enseignements relatifs à l'organisation collective ainsi qu'aux outils de gestion de la biodiversité issus de ces expériences brésiliennes et du travail développé par la Maison de la Semence d'AgroBio Périgord. À partir d'une série d'entretiens avec des représentants de chacune de sept organisations brésiliennes et de la participation aux activités quotidiennes de la Maison de la Semence d'AgroBio Périgord, des enseignements généraux ont été identifiés et discutés en fonction du contexte respectif de chaque structure. Ces organisations ne se limitent pas à une structure de centralisation des semences et elles utilisent une large diversité d'outils pour la gestion des semences et variétés. Les modalités d'accès et de transfert de semences dépendent des objectifs du groupe et la logistique globale est transposable d'un pays à l'autre. Enfin, toutes les organisations ont une portée politique et seulement une petite partie d'entre elles utilise des méthodes de suivi et de sélection des variétés paysannes.