Évaluation psychosomatique d'une patiente transplantée cardiaque
Résumé
Ariane est une patiente de 54 ans qui a reçu une greffe du cœur. Elle manifeste un déni de la maladie, des mécanismes de défense archaïques (clivage du moi, clivage de la réalité...), une attitude quasi phobique à l'égard de l'environnement médical, et une angoisse de séparation corrélative d'une relation d'objet faite de dépendance aux objets externes. Son environnement familial actuel lui apporte une stabilité et une homéostasie précaire qui est mise à mal dès qu'Ariane n'est plus entourée et étayée par ses objets d'attachement. On découvre dans l'histoire d'Ariane des événements traumatisants placés sous le signe de la séparation ; on peut également en déduire une carence maternelle précoce avec un défaut de la fonction pare-excitation, et un manque d'intériorisation de l'objet premier qui explique la nature de sa relation objectale. Les fluctuations importantes de l'activité mentale constatées chez Ariane peuvent ainsi trouver leur première cause dans les événements de vie de son enfance. L'approche psychosomatique et la grille d'évaluation proposée par J.-B. Stora permettent de repérer dans le cas de cette patiente un risque psychosomatique important, particulièrement perceptible sur l'axe 1 du fonctionnement psychique (relation d'objet / états psychiques et événements de vie personnels / points de fixation régressions et mécanismes de défense du moi). On se trouve face à la problématique d'un défaut de développement du Soi - premier noyau constitutif de l'appareil psychique -, d'un objet qui n'est pas en place, d'une absence de mentalisation, ainsi que d'une absence de noyau masochique primaire qui peut expliquer la faible tolérance d'Ariane aux contraintes induites par sa prise en charge médicale. Le fonctionnement psychique d'Ariane offre peu de possibilités de régression, et l'expose à des risques de désorganisation somatique.