L'implication de l'aide humanitaire d'urgence dans un processus de paix à long terme a toujours suscité des débats institutionnels dans le milieu des acteurs de l'aide. En effet, l'aide a malheureusement démontré qu'elle pouvait être instrumentalisée par les pays donateurs ou par les parties aux conflits. Cette part d'ombre de l'action a donc poussé certaines ONG comme Médecins Sans Frontières à exclure toute implication dans un processus au long terme considéré comme une forme d'ingérence politique. De cette farouche volonté de rester neutre, sont nées des normes d'actions privilégiant le dialogue et l'équité entre les parties au conflit. Paradoxalement, ce mode de gestion a un impact positif indirect sur le processus de construction de la paix. Il s'agit d'un processus complètement ignoré et qui ne fait pas partie des pistes de réflexions qui s'engagent dans le domaine théorique. C'est cette théorie de l'impact positif de l'action des ONG d'urgence sur le processus de construction de la paix que je vais défendre dans ce travail. Elle se fonde sur des faits observés durant une mission humanitaire en Somalie au cours de laquelle j'exerçais la fonction de médecin.