4 juin 2005, 30000 manifestants partent de la petite ville de Suse en Italie et rejoignent Venaus, plus haut dans la vallée. Là devrait déboucher le tunnel franco-italien de la future ligne ferroviaire Lyon-Turin. À l'automne, puis au début de l'hiver, la contestation prend de l'ampleur dans le Val de Suse : le chantier de la galerie de reconnaissance du futur tunnel est occupé, des dizaines de milliers de personnes défilent à Turin. Ils sont 4500, Français et Italiens, le 7 janvier 2006 dans les rues de Chambéry. L'opposition au projet Lyon-Turin fait son retour en France. Depuis le milieu des années 1990, les actions se faisaient rares, un consensus autour du projet semblait avoir été trouvé. Cependant, l'opposition française au projet ferroviaire Lyon-Turin demeure limitée. Le Lyon-Turin a déjà été l'objet de plusieurs études : sur la technique, sur les consultations publiques, sur la mise en œuvre du programme politico-administratif, etc. Pour autant, aucune étude, à notre connaissance, n'a porté sur la contestation française et les raisons de sa faiblesse. Et pourtant, s'intéresser aux freins, aux critiques, aux contestations d'une politique publique donnée est tout aussi enrichissant que de s'intéresser au processus mis en œuvre ou à la défense et la promotion d'un projet. Afin d'entrer davantage dans la dimension problématique du sujet, nous allons distinguer trois étapes de questionnement qui semblent nécessaires. Il s'agit dans un premier temps de faire un état des lieux de la contestation en France du Lyon-Turin ferroviaire. Cela devrait nous permettre, dans un deuxième temps, de caractériser plus finement cette contestation, pour enfin comprendre quelles sont les raisons de cette mobilisation française limitée, ce que nous permet déjà a priori de dire une vue d'ensemble.