Historiquement, l'Union Européenne a fait entrer dans ses textes fondateurs le problème des femmes par l'angle des rémunérations, puis s'est ouverte à l'idée d'égalité des chances et d'approche par genre. Les États membres ont-ils suivi cette logiques ? Les enjeux de ce mouvement d'ouverture ont-ils été compris au niveau local ? La conception européenne vise-t-elle l'égalité entre les hommes et les femmes ou a-t-elle de plus larges ambitions ? N'enjoindrait-elle pas les collectivités territoriales d'engager des réformes structurelles au sein de leurs appareils politico-administratifs ? L'approche intégrée de l'égalité ne porterait-elle pas en elle la capacité à encourager et accompagner des mutations profondes dans les logiques de l'action publique française à l'échelon local ? Dans un premier temps, nous nous attarderons sur les raisons qui ont conduit les instances supra-nationales et les organisations non gouvernementales (ONG) à promouvoir une approche de l'égalité transversale et intégrée, et sur les mécanismes qui ont contribué à sa diffusion et son installation en tant que nouveau référentiel, avant de nous pencher sur les développements récents de la politique communautaire. Nous nous attacherons par la suite à analyser d'une part les réponses apportées par l'État français au problème des inégalités et d'autre part les spécificités françaises qui pourraient expliquer le difficile avènement de l'AIE. Ce second temps de la réflexion, apportera un certain nombre d'éclairages sur la façon dont le poids des structurations institutionnelles, culturelles, et le poids de l'histoire, peuvent agir comme des filtres, des freins à la mise en place d'une "voie" intégrée vers l'égalité des sexes. Aussi, serons-nous en mesure de démontrer comment l'AIE, au-delà des objectifs qu'elle poursuit, sert des finalités bien plus larges que celles de la réalisation de l'égalité entre les hommes et les femmes.