Objectif : Établir un état des lieux des pratiques des professionnels de santé concernant la traçabilité, le dépistage, l'évaluation et la prise en charge de la douleur des nouveau-nés en salles de naissances et dans le service de maternité, au CHRU de Brest site Morvan (29). Méthode : Dans un premier temps, nous avons réalisé une étude rétrospective portant sur 214 dossiers de nouveau-nés, nés entre le 28 décembre 2010 et le 31 décembre 2011 au CHRU de Brest site Morvan, et hospitalisés dans le service de Maternité du CHRU. Les dossiers ont été analysés grâce à une grille d'audit. Ensuite, nous avons complété ces résultats en enquêtant auprès des professionnels concernés : sages-femmes et auxiliaires puéricultrices. Un questionnaire leur a été distribué. Nous avons obtenu 33 réponses, soit un taux de retour global des questionnaires de 50%. Résultats : Chez le nouveau-né non douloureux, le dépistage de la douleur est pratiqué par une majorité des soignants, mais n'est que rarement tracé dans le dossier : on retrouve 6 dépistages de la douleur pour 191 nouveau-nés non douloureux en salles de naissances (dont 1 à l'aide d'un score EDIN), et en moyenne 1 score EDIN par jour pendant le séjour en maternité. Les pratiques sont très hétérogènes d'un dossier à l'autre. Les soignants interrogés à ce sujet, évoquent le manque de temps, les difficultés d'utilisation du score EDIN - qu'ils connaissent mal et qui nécessite une observation prolongée - mais précisent noter des transmissions dans certaines circonstances : nouveau-né cliniquement douloureux, circonstances d'accouchement difficile, etc. L'outil utilisé pour évaluer initialement une douleur dépistée dépend des outils mis à la disposition des soignants : en maternité, où la grille EDIN est accessible et l'item "EDIN" présent dans les diagrammes de soins, ce score est souvent coté dès le dépistage de la douleur. A contrario, cet outil est utilisé de manière exceptionnelle en salles de naissances : il ne figure nulle part dans la partie "salles de naissances" du dossier nouveau-né, et n'est pas à disposition des soignants. L'appréciation clinique est alors le principal outil de ces professionnels. Toutes les douleurs dépistées ont été traitées, mis à part 2 cas inexpliqués. Dans la majorité des cas (34/45), seul un traitement médicamenteux a été retrouvé : le suppositoire de 50 mg de Doliprane® est largement favorisé en salles de naissances, la voie orale est préférée en maternité. Parfois (6/45), un traitement médicamenteux est associé à une thérapeutique non médicamenteuse. Si les professionnels semblent connaître plusieurs méthodes non médicamenteuses, le peau à peau est quasiment le seul traitement retrouvé. Conclusion : La prise en charge de la douleur du nouveau-né semble être devenue une évidence pour les soignants. Cependant, des efforts sont à poursuivre dans deux directions : poursuivre la formation des soignants et travailler sur la traçabilité dans le dossier. Par ailleurs, quelques réajustements sur les dossiers nouveau-nés accompagneraient les soignants dans leurs efforts.