Le Trastuzumab est un anticorps monoclonal ciblant le récepteur HER2 surexprimé dans environ 20% des cancers du sein et associé à un pronostic défavorable. Ce traitement a un bénéfice net en termes de survie globale et sans récidive. Son principal effet indésirable est une cardiotoxicité. À l'île de La Réunion, ce produit est largement utilisé. Les Réunionnaises se distinguent des métropolitaines par l'apparition d'un cancer du sein plus précoce et une surproportion en facteurs de risque cardiovasculaire. En tenant compte de ces spécificités, ce traitement reste-t-il bénéfique aux Réunionnaises ? Pour évaluer la tolérance cardiaque chez nos patientes, nous avons réalisé une cohorte rétrospective type exposé / non exposé au Trastuzumab sur des patientes diagnostiquées entre 2005 et 2010 à la Clinique Sainte Clotilde. L'étude a montré que celles exposées au Trastuzumab avait 2,5 fois plus de chance que les non exposées de voir leur FEVG baisser de plus de dix points (p < 0,01) et que cette baisse survenait essentiellement dans les 12 premiers mois (p < 0,01). Après arrêt du traitement, la cardiotoxicité semblait réversible chez la plupart de nos patientes (p=0,05). Nous n'avons pas pu déterminer l'influence de la surproportion des FDRCV sur cette toxicité du fait d'un effectif trop faible. Une étude à plus grande échelle semble indispensable pour étayer notre propos mais l'utilisation du Trastuzumab paraît favorable aux Réunionnaises.