Les cancers cutanés de la tête et du cou sont des pathologies fréquentes en incidence croissante, dont la prise en charge chirurgicale a des répercussions psycho-sociales et sur l’image du corps. L’objectif de cette étude est ainsi de comparer de façon prospective deux techniques de reconstruction après exérèse d'un cancer cutané de la tête et du cou : la greffe de peau totale et le lambeau local, en termes de résultats plastiques et e conséquences socio-économiques, en s’intéressant à l’avis du patient. Matériel et méthodes : Il s’agit d’une étude thérapeutique, prospective, comparative, non randomisée, ouverte, monocentrique, régionale, menée sur une période de 15 mois, d’avril 2014 à juin 2015, au CHU Charles Nicolle à Rouen dans les services d’ORL et de chirurgie ambulatoire. Les patients inclus présentent un cancer cutané de la tête ou du cou, nécessitant une exérèse chirurgicale avec une reconstruction soit par greffe de peau totale, soit par lambeau local. Le critère de jugement principal est la durée des pansements post-opératoires. Les critères secondaires sont : la durée d’éviction sociale, l'aspect de la cicatrice en termes de couleur et de souplesse et l'évaluation par le patient par une échelle visuelle analogique de la douleur, du prurit au niveau du site opératoire et son apparence globale en comparaison à la période pré-opératoire. Les critères de jugement sont évalués lors des consultations de suivi à 1 mois et à 6 mois après la chirurgie, et comparés entre les deux groupes : « greffe » et « lambeau ». Résultats : 96 patients ont été inclus : 30 patients dans le groupe « greffe » et 66 dans le groupe « lambeau ». La durée des pansements après une reconstruction par greffe est plus importante qu’après une reconstruction par lambeau local (respectivement 25,5 jours contre 10 jours avec p<0,05). De même la durée d’éviction sociale est plus importante dans le groupe « greffe ». Par contre, il n’y a pas de différence en termes de coloration, de souplesse de la cicatrice et de douleur sur le site opératoire à 1 mois et 6 mois après l’intervention chirurgicale. La cicatrice est plus prurigineuse avec la greffe qu’avec le lambeau à 1 mois post-opératoire, mais cette différence ne perdure pas à 6 mois post-opératoire. L’apparence globale évaluée par le patient concernant sa lésion puis la cicatrice suite à l’exérèse, est améliorée par la chirurgie quelle que soit la technique utilisée mais cette amélioration n’est pas plus importante que ce soit grâce à l’une ou l’autre des deux techniques. Conclusion : La reconstruction par greffe de peau totale après exérèse d’un cancer cutané de la tête ou du cou, a un impact socio-économique plus important que la reconstruction par lambeau local, cependant les résultats plastiques et la satisfaction du patient semblent les mêmes quelle que soit la technique de reconstruction utilisée. Poursuivre l’inclusion de patients dans cette étude afin de pouvoir faire des ajustements sur certains facteurs de confusion telles que la surface d’exérèse ou la localisation des lésions, pourrait permettre de mettre en évidence des différences statistiquement significatives concernant les résultats plastiques et la satisfaction des patients.