L'Afrique du Sud et ses compagnies transnationales (TNC's) face au Zimbabwe et au Botswana dans les années 1990, ou comment transmettre l'héritage de la déstabilisation - DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance Accéder directement au contenu
Mémoires Année : 1991

L'Afrique du Sud et ses compagnies transnationales (TNC's) face au Zimbabwe et au Botswana dans les années 1990, ou comment transmettre l'héritage de la déstabilisation

Résumé

Le Zimbabwe est né des mêmes convulsions historiques qui ont donné naissance à la Southern African Development Coordination Conference. La SADCC a été conçue comme un forum de coopération économique entre tous les États d'Afrique australe souhaitant s'émanciper des tutelles étrangères, au premier chef de l'Afrique du Sud. Mais la SADCC a d'entrée une connotation, voire un but politique : parer à la Total Strategy sud-africaine, incarnée par la politique de « déstabilisation » amorcée au milieu des années 1970. Le Botswana, très dépendant des firmes sud-africaines dans sa marche rapide vers le développement, est un des fervents apôtres de cette Conférence. Il est tout aussi frappant de constater que la SADCC englobe la Tanzanie ou l'Angola, deux pays qui n'ont pratiquement aucun commerce ni aucun type de dépendance économique face à la RSA. Ces deux pays sont par contre des soutiens politiques puissants de l'ANC et de la SWAPO auxquels ils fournissent un sanctuaire, ce qui d'ailleurs les différencie du Zimbabwe et du Botswana. Après plus de dix ans de déstabilisation multiforme, la région, frappée par ailleurs par la chute du prix des matières premières, victime des erreurs politiques de ses dirigeants, n'est pas loin d'être exsangue. La SADCC s'est révélée un modeste bouclier face à la déstabilisation. Le Zimbabwe a dû recourir aux ports sud-africains pour ses échanges extérieurs. Il a fallu attendre 1984-85 pour que le corridor mozambicain de Beira, inutilisé pendant les dernières années de la Rhodésie en raison des sanctions, en butte aux attaques de la RENAMO, commence seulement de donner sa mesure. La réorientation des échanges a bouleversé la notion d'« accès traditionnels à la mer ». Le Botswana n'est plus un lieu de transit des échanges du Zimbabwe vers la RSA. Le Botswana, lui, n'a pu fournir des emplois à ceux de ses travailleurs migrants qui ont été renvoyés d'Afrique du Sud. La déstabilisation et l'aggravation de la situation économique ont sonné le glas économique et militaire de l'apartheid. La RSA, victime d'une grave pénurie de main-d'oeuvre qualifiée, d'un déclin des mines d'or, du désinvestissement de firmes étrangères entamé à la fin des années 1970 après les évènements de Soweto, du coût diplomatique et financier de l'occupation de la Namibie et du soutien à l'UNITA angolais, est dans une situation qui menace directement les intérêts du bloc au pouvoir. L’éradication amorcée de l'apartheid est le fruit des pressions des milieux économiques et d'une prise de conscience tardive des éléments éclairés du groupe Afrikaner au pouvoir. La suppression des piliers institutionnels de l'apartheid ne signifie pas pour autant la fin de la déstabilisation. Certains groupes du bloc au pouvoir poussent au pourrissement de la situation intérieure sur le mode observé depuis plus d'une décennie au Mozambique. La guerre civile qui continue dans ce pays indique que la RENAMO n'a pas perdu tous ses soutiens.
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Citer

Mathieu B. Verboud. L'Afrique du Sud et ses compagnies transnationales (TNC's) face au Zimbabwe et au Botswana dans les années 1990, ou comment transmettre l'héritage de la déstabilisation. Science politique. 1991. ⟨dumas-01336024⟩
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