L’adolescence vient marquer le passage de l’enfance au monde adulte. Les modifications aussi bien corporelles que psychiques dont est en proie le jeune l’obligent à faire le deuil de son corps d’enfant. Ainsi débute une quête adolescente, dont l’objet est la construction d’une identité propre et solide. Pour cela, l’adolescent doit se réapproprier ce nouveau corps et le réinvestir de façon adéquate. Ma rencontre avec Victor et Baptiste, deux adolescents porteurs d’un handicap moteur, a suscité chez moi des questionnements. Le handicap moteur implique en effet un rapport au corps particulier : l’atteinte majoritairement physique vient entraver les diverses expériences corporelles nécessaires au développement harmonieux de l’enfant. Ce corps, bien généralement instrumentalisé, objet de nombreux soins, perd l’occasion de s’éprouver autrement que dans la douleur. De fait, en cette période de la vie où les changements corporels sont au premier plan et viennent ébranler la certitude d’être au monde, qu’en est-il de la construction identitaire lorsque ces transformations se surajoutent à un handicap physique ? Par ce mémoire, je vais relater le cheminement de ma réflexion qui s’est faite au détour d’éléments théoriques, mais avant tout des éléments cliniques qu’ont pu m’apporter ces deux adolescents.