Introduction : La majorité des consultations en France donnent lieu à la prescription d’au moins un médicament. La non-prescription (NP) apparaît rare, laissant supposer que les médecins généralistes rencontrent des obstacles à réaliser des consultations sans prescription médicamenteuse (CSP). Objectif : L’objectif principal de cette étude était d’explorer les perceptions des médecins généralistes, de connaître les déterminants de la CSP et de mettre à jour les obstacles à la NP. L’objectif secondaire était de connaître les ressources mobilisées par les médecins généralistes pour faire face à ces obstacles, et d’envisager avec eux les pistes d’amélioration pour faire évoluer les pratiques. Méthodes : Une étude qualitative par entretiens semi-directifs a été menée auprès de médecins généralistes du Sud de l’Ille-et-Vilaine. Une analyse thématique avec codage manuel a été réalisée afin de dégager des thèmes et sous-thèmes d’analyse. Résultats : 9 entretiens ont été réalisés. De nombreux freins à la NP sont liés au médecin, au patient et au cadre de la consultation. Le temps dont dispose le médecin, la demande du patient, le manque d’assurance sont des obstacles. La complexité de l’équation de la NP apparaît surtout dans l’existence de la relation médecin-malade. Les raisonnements du généraliste sont conditionnés par la complexité de cette relation, et le médicament devient un outil de compromis, de réassurance, de preuve de l’utilité du médecin auprès du patient. Pour lever ces freins, les médecins proposent une action sur la formation initiale et continue, sur la rémunération du temps médical, et sur les campagnes de sensibilisation. Conclusion : La NP est une équation complexe à plusieurs paramètres, au centre de laquelle se trouve la relation médecin-malade. Les médecins sont prêts en théorie à plus de CSP. La réalisation pratique semble également possible, mais celle-ci passe par la compréhension plus fine des raisonnements auxquels sont exposés les médecins généralistes en médecine libérale aujourd’hui.