Introduction : la crise migratoire a amené de nombreux patients migrants dans les permanences d'accès aux soins de santé (PASS). Ils y consultent en première ligne des médecins généralistes. La présentation polymorphe de leurs plaintes rend le dépistage des troubles psychiques difficiles dans cette population alors que le PTSD y est fréquent du fait de parcours violents. Objectifs : l'objectif principal est d'évaluer la proportion de plaintes psychiques dans les motifs de consultation des patients orientés vers des professionnels en santé mentale par le médecin généraliste de la PASS. Les objectifs secondaires sont la description de leurs tableaux cliniques en différenciant symptômes psychiques et somatiques ainsi que la proportion d'hypothèses psychiatriques évoquées. Matériel et méthode : il s'agit d'une étude transversale rétrospective des dossiers médicaux de patients vus en consultations par les médecins généralistes de la PASS du CHU de Bordeaux. Les patients sont ceux qui étaient inscrits à l'agenda 2016 des professionnels en santé mentale, orientés par les médecins de la PASS. Un recueil des symptômes a été effectué à partir de ces dossiers médicaux. Résultats : Seuls 33% de patients orientés vers un professionnel en santé mentale présentent au moins 1 symptôme psychique dans leur motif de consultation. Pourtant 93% d'entre eux présentent au moins 1 symptôme psychique dans leur tableau clinique global. Les troubles du sommeil sont les symptômes psychiques les plus fréquents (75%). Les professionnels en santé mentale ont évoqué une hypothèse psychiatrique chez la presque totalité des patients pour lesquels un compte-rendu a été retrouvé. Les troubles somatiques sont majoritairement chroniques et multiples ; parmi ceux-ci les céphalées et les douleurs abdominales sont les plus fréquemment relevées. Conclusion : il existe une intrication somato-psychique importante qui rend le dépistage des troubles psychiques difficile pour le médecin généraliste. Le regard croisé avec des professionnels en santé mentale, notamment via une collaboration étroite avec l'EMPP, paraît indispensable pour prendre en charge globalement ces patients de manière optimale.