Contexte. Le pluralisme médical des patients d'origine étrangère n'est pas toujours bien compris pas les professionnels de santé, et peut être à l'origine d'incompréhensions et de malentendus dans la relation soignants-soignés. L'objectif principal de ce travail est l'analyse des représentations de la médecine traditionnelle africaine et de la médecine occidentale exercées en France auprès de personnes d'origine sénégalaise, afin de mieux appréhender leurs attentes.
Matériel et Méthode
Une étude qualitative a été menée à Caucriauville (76) du 25 septembre 2017 au 13 décembre 2017 inclus, auprès de treize personnes volontaires, d'origine sénégalaise, majeures, parlant français et vivant au sein même de ce quartier du Havre. L'outil de recherche utilisé était l'entretien semi-dirigé. La saturation des données a été obtenue après douze entretiens. Une analyse descriptive puis thématique des verbatims a été réalisée.
Résultats
Les représentations de la santé correspondaient à la définition établie par l'OMS. La santé était perçue comme un bien précieux. La maladie faisait partie de la vie, tout comme la mort, et était synonyme de gravité. Elle n'était pas toujours la conséquence d'un facteur unique, ce qui expliquait parfois la multiplicité des recours thérapeutiques. Le caractère chronique de la maladie était difficile à comprendre, notamment pour une pathologie comme le diabète. Les retours au pays pouvaient s'avérer complexes lorsqu'ils n'étaient pas préparés avec soin. La représentation de la prise de médicaments était fonction des expériences personnelles. La tradithérapie africaine se définissait avant tout par sa pratique et se composait de trois dimensions (sociale, culturelle et thérapeutique). Elle était, pour la plupart, une alternative à la médecine occidentale, qui elle, reposait sur des réseaux de soins. Le médecin généraliste en était le pivot central. Les explications données au sujet des rôles, des formations, et des pratiques des tradithérapeutes africains pouvaient être diverses et parfois contraires. Les examens complémentaires prescrits par le médecin permettaient d'éliminer successivement des hypothèses et d'établir le diagnostic de la maladie. L'utilisation de plantes ou le recours aux tradithérapeutes africains n'étaient pas toujours transmis au médecin traitant.
Conclusion
Les représentations sont donc plurielles et dynamiques, et sont influencées par de nombreux facteurs sociaux, culturels et personnels. Ces deux pratiques, aussi différentes soient-elles, ont un objectif commun : celui de guérir le patient ou du moins le soulager. Nous pouvons alors légitimement nous interroger sur la possibilité d'une complémentarité entre ces deux thérapies en France.