Les savoirs pratiques en psychiatrie
Résumé
Introduction : la médecine est une science mais également un art. La tension a toujours existé entre ces deux dimensions. Hippocrate rejette l’origine sacrée de la maladie et lui fait prendre un tournant radicalement rationnel et scientifique. La biomédecine semble aujourd’hui largement dominante, s’adossant à un corpus théorique conséquent. Mais la tension avec la pratique n’est pas résolue pour autant. Notamment en psychiatrie où la question de la subjectivité reste centrale. Mais qu’en est-il en acte ?
Matériels et méthodes : nous avons exploré cette question à travers un terrain de six mois au sein d’un service de psychiatrie universitaire. Les réunions cliniques hebdomadaires ont été plus particulièrement l’objet de notre attention. Nous les avons enregistrées, retranscrites et avons analysé quel type de savoir était mis en pratique et de quelle manière.
Résultats : les résultats montrent la mobilisation non négligeable dans les soins d’un savoir personnel, d’expérience, relevant du bagage socio-culturel de chaque soignant. Avec un impact sur le soin, quand le prendre-soin devient plus important que la guérison. Mais certaines limites existent toutefois comme la difficulté à faire face, en actes, à des questions spécifiques relevant des dimensions socio-anthropologique et éthique du soin comme l’autonomie.
Conclusion : la psychiatrie ne diffère pas des autres disciplines médicales dans sa formulation théorique, mais doit, plus que les autres certainement, résoudre la tension entre théorie et pratique. Dans cette perspective, elle doit faire appel à d’autres modes d’appréhension de l’expérience que la pensée dogmatique caractérisant notamment la biomédecine. Des méthodologies pratiques existent, en sciences humaines par exemple. Elles pourraient être mises à profit dans ce contexte.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
Loading...