L’instabilité des gouvernements latinoaméricains a été l’une des préoccupations des intellectuels et de la classe politique pendant la transition, la consolidation et la post consolidation de la démocratie. Des auteurs tels que Juan Linz, Scott Mainwaring ou Matthew Shugart ont attribué cette déstabilisation aux caractéristiques propres de la démocratie qui s’est établie en Amérique Latine pendant la troisième vague : une démocratie présidentielle où le pouvoir est fortement concentré sur les mains de l’Exécutif en produisant des tensions avec les autres pouvoirs, notamment le parlement. Ces crises du système présidentiel se sont matérialisées récemment à travers deux nouveaux facteurs d’instabilité. D’un part, l’impeachment ou jugement politique, un mécanisme constitutionnel pour que le Législatif puisse juger le président et discuter de sa continuité au pouvoir. De l’autre côté, les dérives ou déviations autoritaires de certains gouvernements, particulièrement ceux que Steven Levitsky appelle des « autoritarismes compétitifs », c’est-à-dire, des gouvernements qui accèdent au pouvoir par la voie démocratique et dont la continuité au pouvoir est possible grâce à une façade électorale qui masque des éléments autoritaristes. Face à ces scénarios, les organisations internationales tels que l’OEA, l’Unasur ou le Mercosur ont joué un rôle fondamental au moment d’exiger de leurs membres de respecter les principes démocratiques pour pouvoir appartenir à chaque organisation. En prenant les impeachments contre Fernando Lugo (Paraguay, 2012) et Dilma Rousseff (Brésil, 2016) ainsi que la crise politique à Venezuela, nous proposons d'analyser l’action et les limites de la médiation des organisations régionales dans ces scénarios où la démocratie peut être menacée.