Depuis la nuit des temps, le serpent suscite crainte et fascination chez l’Homme. Outre le danger potentiel qu’il représente, il charme par son apparence et l’altérité qui l’oppose aux autres vertébrés terrestres. Son venin s’est développé au cours des millions d'années pour agir sur les processus physiologiques essentiels de leurs proies avec une grande spécificité et puissance. C’est en observant les effets et les réactions produits lors d’une morsure que l’Homme a commencé l’étude sur ses composants afin de mieux en comprendre les mécanismes. Parfois mortel, le venin possède également une valeur médicale qui constitue une source inépuisable d’exploration appliquée à la recherche fondamentale, clinique, diagnostic ainsi que pour la découverte et la mise au point de nouveau médicaments. Longtemps sous-estimé, on sait aujourd’hui que l’abondance et la diversité des venins ophidiens représentent un potentiel pharmacologique énorme. Depuis l'approbation du captopril, 1er médicament d’origine ophidienne il y a plus de 30 ans, l’attention des chercheurs pour les molécules ophidiennes n’a cessé de grandir. Les toxines ophidiennes sont devenues une pharmacopée naturelle précieuse de molécules bioactives qui fournissent des composés de plomb pour le développement de nouveaux médicaments. Actuellement, l'industrie pharmaceutique investit de plus en plus dans les médicaments à base de venin. Un certain nombre de nouveaux médicaments sont constamment en train d'émerger de cette corne d’abondance. Apanages du XXème siècle, promis au XXIème à un avenir fructueux, les venins ophidiens offrent des débouchés particulièrement féconds à la recherche médicale et à la thérapeutique moderne.