La spécificité des idées politiques de Guy Patin participe au mouvement de maturation intellectuelle du XVIIe siècle qui prépare l’esprit des Lumières. Personnage haut en couleur et estimable pour ses prises de position politique en plein établissement de l’absolutisme monarchique, Guy Patin possédait plusieurs entrées dans la société d’ordres et de privilèges. Il était bien informé sur l’actualité politique, sur les soubresauts de la vie à la Cour jusqu’aux manœuvres au sein des arcanes du pouvoir en passant par la vie privée des gouvernants. Grand ami du troisième personnage de l’État, le président Lamoignon, il fut également l’ami hors pair de Naudé et de Grotius, tout comme il devient le médecin de Thomas Hobbes à Paris. Actif pendant la Fronde pour faire admettre une monarchie parlementaire de type constitutionnel à l’anglaise, il s’oppose à la politique de Richelieu et de Mazarin, mais surtout aux ambitions de l’aristocratie nobiliaire. Contrepropagantiste actif, il estime pourtant Louis XIV pour sa puissance d’incarner l’État et son volontarisme. Ses idées politiques se sont exprimées dans la pleine maturité de l’âge baroque et il meurt au moment de l’apogée de l’État louisquatorzien. Certes, Patin, décédé en 1672, est mort trop tôt pour qu’il puisse enrichir les connaissances sur l’histoire globale du règne de Louis XIV, pourtant il a connu les débuts de Versailles, qu’il s’agisse de sa construction politique ou architecturale. Son réseau d’informations immédiates lui permet d’être un témoin privilégié des points clefs de la « Révolution royale » de 1661, de la transition entre les modes de représentations du pouvoir de Louis XIII à Louis XIV, de la jonction des modes d’expressions entre les Tuileries, le Louvre et les débuts de Versailles. Mais Patin a surtout marqué le Grand Siècle de sa plume éprise de liberté et héritière du libertinage érudit qui l’a « guéri de la sottise du siècle ».