Intoxication aiguë par la ciguatera en Martinique : caractéristiques cliniques, prise en charge thérapeutique - DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance Accéder directement au contenu
Mémoires Année : 2018

Intoxication aiguë par la ciguatera en Martinique : caractéristiques cliniques, prise en charge thérapeutique

Résumé

Introduction : La ciguatera représente l’une des intoxications marines les plus fréquemment associées à la consommation de poisson au monde. L’incidence de cette intoxication est largement sous-évaluée avec environ 20.000 à 50.000 cas annuel. En Martinique, il semblerait que l’incidence de cette intoxication, est en augmentation constante. Durant ces 3 dernières années, de nombreux cas d’intoxications collectives importantes ont été déclarées en Martinique surtout en été. Le tableau clinique de cette intoxication est très variable, et débute dans les minutes qui suivent le repas jusqu’à plusieurs heures (30 heures) après. Dans l’immense majorité des cas, les premiers signes sont digestifs puis suivis de signes généraux, neurologiques voire cardiovasculaires. Elle n’est que très rarement mortelle et le traitement repose essentiellement sur la prise en charge symptomatique. L’objectif de cette étude était de décrire les caractéristiques cliniques des intoxications par la ciguatera en Martinique, et d’y établir un protocole de prise en charge afin de permettre aux professionnels de santé d’harmoniser leur pratique. Méthode : Etude observationnelle, rétrospective, monocentrique, portant sur une période de six ans entre octobre 2012 et septembre 2018, incluant tous les patients admis aux urgences du Centre Hospitalier Universitaire de Martinique (CHUM) et tous les patients ayant été déclarés à l’ARS pour intoxication par la ciguatera suite à une ingestion de poissons infectés par les microalgues. Les données cliniques et biologiques ont été collectées et analysées en analyse univariée à l’aide de tests-U de Mann-Whitney (Wilcoxon). Résultats : Cent quarante-neuf patients (149) intoxiqués à la ciguatera ont été inclus (âge 46 ± 3 ans, 81 femmes et 63 hommes). Le taux d’incidence retrouvé est de 0.67 cas pour 10 000 patients-années en Martinique sur la période d’étude. Le temps moyen entre l’ingestion du repas et l’apparition des premiers symptômes était de 9 ± 3 heures. Les intoxications en Martinique sont liées à des TIACs dans 71.1% des cas. 89.9% des patients présentaient un tableau de troubles digestifs, des troubles neurologiques dans 82.5% des cas, et des troubles cardiovasculaires dans 41.8%des cas. Les patients présentaient une hypothermie dans 38.8% des cas. L’ingestion de Carangue est liée à un plus grand risque de symptomatologie abdominale, (OR=3.16 IC [1.52% - 6.56%]) et de chronicisation des signes (OR=3 IC [1.2% – 8.0%]). La mortalité était nulle. Conclusion : L’incidence de la ciguatera en Martinique constitue un problème de santé publique majeur, et est en augmentation croissante. Le tableau clinique est prédominé principalement par les signes digestifs et neurologiques périphériques. Cette intoxication par la ciguatera en Martinique possède une présentation clinique similaire à celle des autres Iles des Caraïbes. Il n’existe pas à ce jour d’antidote spécifique et le traitement est avant tout symptomatique. La prévention est primordiale tout en évitant de manger de gros poissons carnivores et ceux en provenance de sites identifiés à risque. Il est urgent de doter les départements Français d’Amérique d’un centre anti- poison pour la prise en charge des intoxications spécifiques de la région.

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Citer

Zakaria Mahi. Intoxication aiguë par la ciguatera en Martinique : caractéristiques cliniques, prise en charge thérapeutique. Médecine humaine et pathologie. 2018. ⟨dumas-02083290⟩
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