Les progrès scientifiques et technologiques ont permis à la médecine, par le biais de la chirurgie bariatrique, de donner à l’obésité une dimension chirurgicale. La chirurgie bariatrique est dans un parcours réglé : une consultation préopératoire, une évaluation préopératoire multidisciplinaire, une consultation pour réviser l’indication chirurgicale et le type de geste opératoire, et un suivi postopératoire. Ce parcours est donc onéreux, ce qui ne représente toutefois pas une limite à l’essor de cette pratique en France. Par ce travail, nous nous demandons quelles sont les motivations des chirurgiens bariatriques qui réalisent ce type d’activité. L’hypothèse principale est que traiter l’obésité n’est pas le motif premier amenant les chirurgiens bariatriques à s’intéresser à cette pratique. Deux méthodes différentes ont été utilisées entre janvier et avril 2019 pour répondre à la question de recherche. Une première méthode qualitative a consisté en des entretiens semi-directifs menés auprès de chirurgiens bariatriques français dans le secteur public et privé ; l’analyse des entretiens a été réalisée via la théorie ancrée. Une deuxième méthode quantitative a consisté en un questionnaire directif transmis par le biais de la SOFFCO.MM (société savante française de chirurgie bariatrique). La description et l’analyse statistique des questionnaires ont été faites grâce à Excel et RStudio respectivement. Douze chirurgiens ont été rencontrés au cours d’entretiens et 78 ont répondu au questionnaire. Pouvoir repenser le sens de cette chirurgie, la diversification et valorisation de leur rôle, leur place centrale dans le parcours de soins, l’enjeu financier et leur adaptation au système de santé motivent les chirurgiens. Ces motivations soulèvent des questions de justice, de liberté de choix, de normativité, d’autonomie, de paternalisme amenant à méditer quel type de pratique bariatrique doit faire face au « défi de l‘obésité ».