La métropolisation parisienne est un processus complexe appelant non seulement à une prise en compte des enjeux liés au développement durable dans les aménagements qui sont réalisés mais nécessitant également une mise en récit du territoire pour une appropriation commune et une identité partagée. Au regard des impératifs du développement durable, l’évolution du système alimentaire métropolitain est un défi majeur. Il est travaillé à la fois par des questions spatiales, environnementales, économiques et sociales. Locavorisme, slow food, circuits courts, agriculture urbaine… les propositions sont nombreuses pour nous inciter à un changement de nos modes alimentaires.
Nous avons choisi d’observer ici la transition par le prisme de l’agriculture urbaine car nous avons fait l’hypothèse que si l’agriculture urbaine prenait autant d’importance dans l’espace public ces dernières années c’est qu’elle semblait offrir des réponses non seulement aux enjeux pragmatiques et symboliques posés par la transition alimentaire mais également au nécessaire récit de fondation métropolitain. Nous avons rapidement fait le constat que l’agriculture urbaine faisait l’objet de discours et de pratiques contrastés et avons posé l’hypothèse que ce foisonnement pourrait faire perdre la thématique en profondeur, en particulier au regard du récit enchanté qu’en font les pouvoirs publics et plus particulièrement les collectivités territoriales. Enfin, nous avons émis l’hypothèse que les projets urbains, par la nature même de leur mise en œuvre, par l’abondante communication qu’ils suscitent et par les promesses de lieux qu’ils font, pourraient permettre une réconciliation des approches et des discours et ouvrir à des lieux favorisant une approche culturelle et symbolique de la métropole en transition. Le projet « Réalimenter Masséna », lauréat de l’appel à projets urbains innovants « Réinventer Paris », nous a servi d’objet d’étude pour tenter d’apporter des réponses à ces hypothèses et pour interroger de possibles médiations à même d’amplifier la portée communicationnelle des projets urbains et des lieux hybrides qu’ils annoncent.